Partitions obliques

LE NOVA CONSACRE SA PROGRAMMATION DE RENTRÉE AUX MARGES DE L’INDUSTRIE MUSICALE, À LA SUITE DE FRANK SIDEBOTTOM ET DE BILL DRUMMOND…

1. Frank

2. Imagine Waking Up Tomorrow and All Music Has Disappeared

1. DE LENNY ABRAHAMSON. AVEC MICHAEL FASSBENDER, DOMNHALL GLEESON, MAGGIE GYLLENHAAL. 1 H 35. SORTIE: 12/01.

2. DE STEFAN SCHWIETERT. AVEC BILL DRUMMOND. 1 H 23. SORTIE: 12/01.

1. 7

2. 8

Rentrée en fanfare, si l’on peut dire, au Nova qui, toujours à l’affût de gestes artistiques singuliers, propose, sous l’appellation Oblique Music, une série de films s’invitant résolument dans les marges de l’industrie musicale. S’appuyant sur un casting imposant que domine Michael Fassbender, Frank (2014), de Lenny Abrahamson (consacré depuis par Room, le film qui devait valoir l’Oscar de la meilleure actrice à Brie Larson), s’invite dans la foulée de Jon (Domnhall Gleeson), un aspirant claviériste recruté au débotté, dans l’univers bruitiste et passablement disjoncté de Soronprfbs, groupe alternatif dont le leader, mystérieux et charismatique, n’apparaît que protégé d’une énorme tête en papier mâché -on pense à Courgette. Et le nouveau venu d’embarquer dans leur retraite de la campagne irlandaise afin d’enregistrer un album, moment où les choses vont commencer à échapper à tout contrôle…

Au-delà du gimmick voulant que son acteur-star n’avance que masqué, Frank tient de la comédie noire, questionnant le geste créatif et la part de folie s’y insinuant, mais aussi l’intégrité artistique, pour s’ériger, au-delà de ses contours loufoques, en fable cruelle et, en définitive, amère. Soit un film foutraque, claustrophobe et forcément inégal qui, s’il rend hommage au musicien mancunien Chris Sievey (1955-2010), membre des Freshies avant d’imaginer son alter ego Frank Sidebottom, pourrait tout autant renvoyer à la sensibilité écorchée des Syd Barrett, Brian Wilson ou autre Anton Newcombe…

Acte philosophique

Musicien et performer pour qui le terme excentrique semble avoir été inventé, Bill Drummond est, pour sa part, le sujet exclusif de Imagine Waking Up Tomorrow and All Music Has Disappeared, de Stefan Schwietert. Chanteur-guitariste du groupe punk Big in Japan, avant de fonder Zoo Records, Drummond devait connaître le (méga) succès commercial au tournant des années 90 au sein de The KLF, le duo qu’il formait avec Jimmy Cauty se sabordant après avoir triomphé aux Brit Awards de 1992, effaçant dans la foulée l’entièreté de son back catalogue…

Soit un geste punk par excellence, et une ligne de conduite dont l’artiste ne s’est guère départi depuis, que l’on retrouve désormais impliqué dans le concept The 17, chorale collective mouvante -il « recrute » tant sur les chantiers que dans les paroisses-, dont il collecte les performances de par le monde, pour ensuite les effacer après une diffusion unique, en une démarche de réappropriation de la musique à l’ère de l’Internet et des mp3. De la musique éphémère comme acte politique et philosophique, en somme, pour un documentaire à l’image de son parcours: fascinant…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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