ACTRICE CHEZ M. NIGHT SHYAMALAN, LARS VON TRIER ET AUTRE CLINT EASTWOOD, BRYCE DALLAS HOWARD REVÊT LES HABITS DE PRODUCTRICE POUR RESTLESS.

Bon sang ne saurait mentir, prétend la sagesse populaire. Un adage que Bryce Dallas Howard s’est employée à vérifier dès son plus jeune âge, elle qui n’avait pas encore 15 ans lorsque sa chevelure flamboyante apparut dans Apollo 13, de son père Ron, une expérience qu’elle renouvellera plus tard pour The Grinch. C’est toutefois M. Night Shyamalan qui la révèle au grand public en lui confiant, en 2004, le rôle principal de The Village. Une poignée d’années plus tard, la jeune femme aligne une filmographie appréciable, qui l’a conduite de Lars von Trier ( Manderlay) en blockbusters ( Spider-Man 3, Terminator: Salvation); de Clint Eastwood ( Hereafter) en The Help, carton de l’été américain que l’on découvrira sur nos écrans en janvier. De quoi forcer le respect, assurément -ce qu’elle accueille toutefois avec cette modestie qui est aussi une caractéristique familiale: « Le tout, c’est de comprendre comment trouver son propre rythme », observe-t-elle. Avant d’ajouter: « J’ai une expérience très précise de ce milieu, du fait que mon père y travaille depuis 50 ans. J’ai une vision optimiste de ce qui est de l’ordre du possible: c’est quelqu’un qui a réussi à mener de front une carrière très riche, et une vie de famille très digne. « 

Comme ce dernier, qui fut acteur avant de devenir réalisateur à succès, Bryce Dallas Howard se multiplie désormais sur des fronts divers. Cannes, c’est au titre de productrice de Restless, le nouveau film de Gus Van Sant, qu’elle y est descendue. « Jason Lew, le scénariste, est un ami proche. Il m’avait donné le script, il y a quelques années déjà, afin d’avoir mon avis. L’histoire m’avait beaucoup émue, au point que c’est pratiquement devenu une obsession, nous n’arrêtions pas d’en parler et d’échanger des notes. Le jour où le projet s’est concrétisé, il m’a invitée à en être la productrice. « 

La leçon de Lars von Trier

Sensible à la tonalité singulière du propos, Bryce Dallas Howard l’a été tout autant à la griffe du réalisateur: « Gus Van Sant est l’un des cinéastes les plus originaux et les plus sincères que je connaisse. Il était très important à mes yeux que l’originalité ne devienne pas une sorte de spectacle, et qu’elle ne dégage pas un sentiment d’artificialité. Gus serait incapable de faire un film manipulateur: son cinéma est viscéralement honnête. Tout comme lui, d’ailleurs: une chose que j’ai toujours observée, c’est que ce qui apparaît finalement à l’écran, c’est le réalisateur lui-même », confie la productrice d’un film.

N’excluant rien, et notamment pas de devenir réalisatrice à son tour, elle entend cependant laisser du temps au temps. Et veille à ne pas (trop) se disperser: « Lars von Trier m’a appris quelque chose de fort utile. Le dernier jour du tournage de Manderlay , il est venu me trouver, et m’a dit: « Tu ne peux pas être chaque instrument de l’orchestre. Tu dois choisir ton instrument, et après, tu pourras jouer n’importe quel morceau. Pour moi, tu es une clarinette.  » Il m’avait laissée une liberté incroyable, et m’avait poussée jusqu’à mes limites. Mais il m’a aussi dit qu’en continuant de la sorte, je ne tournerais pas plus de 4 films. Non qu’on ne veuille plus m’engager, mais parce que je me serais consumée…  » Message reçu 5 sur 5, ou plutôt 50/50, du titre du film de Jonathan Levine dans lequel on la retrouvera dans quelques semaines.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS, À CANNES

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content