Voilà qui ressemble, à s’y méprendre, à la rançon de la gloire. Malgré quatre films sélectionnés dans les différentes sections de ce 62e Festival de Cannes – et l’on ne parle même pas des nombreuses participations minoritaires dans d’autres -, certains en étaient, pour ainsi dire, à évoquer une année de disette pour la production nationale. Certes absent de la compétition, le cinéma belge – majoritairement néerlandophone, une fois n’est pas coutume – a pourtant plutôt joliment tiré son épingle du jeu sur la Croisette. Avec, tout d’abord, Panique au village, qui a créé l’événement en dehors et au sein du Palais: un tracteur rouge au pied des marches, c’était, en effet, du jamais vu, de mémoire cannoise. Au-delà du gag, la projection du dessin animé déjanté d’Aubier et Patar, a attiré la toute grande foule, avant de susciter des échos largement positifs – de fort bon augure pour la suite de l’aventure, qui devrait, après un passage par Annecy et la sortie du film sur les écrans belges, amener Cow-boy et Indien au Festival de Toronto à la rentrée. De là à ce qu’on les retrouve au Far West…

Rarement à pareille fête, le cinéma flamand était pour sa part de retour à Cannes avec trois films. Après Moscow, Belgium l’an dernier, l’un d’entre eux a plus particulièrement marqué les esprits, à savoir La merditude des choses, de Felix Van Groeningen, qui repart de la Quinzaine des réalisateurs avec une mention au Art Cinema Award et, plus encore, de belles perspectives. Chronique au quotidien de la vie d’un gamin grandissant au contact de son père et de ses oncles, ivrognes et glandeurs devant l’éternel, le film ajoute au glauque de la peinture sociale, humour et tendresse. Un cocktail qui a eu le don de séduire une bonne partie de la critique, mais aussi de ravir le public, qui lui a réservé un triomphe. Les badauds de la Croisette ayant par ailleurs eu droit, en guise de happening, à un défilé cycliste dans le plus simple appareil – citation directe de l’une des scènes du film -, on peut dire, là encore, que des Belges ont fait l’événement.

Présenté à la Semaine de la Critique, au même titre que Altiplano, de Peter Brosens et Jessica Woodworth, Lost Persons Area, de Caroline Strubbe, s’en revient, pour sa part, avec le prix SACD. Drame sous (haute) tension d’une appréciable facture visuelle mais un peu trop explicite dans ses intentions métaphoriques, ce premier film ponctue ainsi une moisson belge tout à fait honorable. A l’année prochaine/tot volgend jaar… l

J.F. PL.

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