Paloma de Boismorel, l’écriture pour se recentrer
Pierre-Antoine, le protagoniste de La Fin du sommeil, premier roman de Paloma de Boismorel (lire la critique ici), se désespère de retrouver dans son quotidien intime et professionnel la spontanéité qui faisait le sel de son existence. “Oui, la spontanéité, acquiesce l’autrice par téléphone. C’est marrant que vous me disiez ça, parce que c’est vraiment un terme que j’avais à l’esprit et je ne pense pas qu’il soit dans le roman. C’est peut-être un peu autobiographique puisque moi, j’ai l’impression de manquer beaucoup de spontanéité. Je suis du genre à mettre quinze jours à répondre à un smiley, vous voyez?” Alors, pour réveiller cette vie vécue comme un profond sommeil, Pierre-Antoine s’invente un cancer. Une manière aussi de reprendre la rédaction du roman qu’il laisse macérer depuis longtemps.
“Quand quelque chose d’important ou d’inédit se passe, j’ai l’impression que mes pensées ressemblent à une casserole de pop-corn. Il se passe beaucoup trop de choses. Et j’ai besoin de temps pour retrouver de la cohérence dans mes impressions, dans mon rapport aux gens et aux choses. Et c’est ce que permet l’écriture.” Une écriture qui suit la Nantaise de naissance depuis toute petite. Sa grande crainte d’enfant? Être à court de papier tant elle aimait gribouiller avant même de savoir écrire. Déscolarisée pendant son adolescence passée dans les vignes parentales près d’Avignon, où naît un véritable amour des livres (parmi ses auteurs de chevet figurent aujourd’hui John Kennedy Toole, Geneviève Brisac, Sylvia Plath), elle se sent en complet décalage pendant ses études en sciences politiques et littérature comparée. L’écriture est alors un moyen d’expression pour celle qui collabore dès 18 ans à Marie-Claire, L’Événement ou encore Gaël. Également biographe pour des particuliers, la Bruxelloise d’adoption a aussi dirigé une galerie d’art contemporain pendant près de deux ans, une expérience qui a visiblement inspiré l’un de ses chapitres: le récit d’un vernissage particulièrement truculent. Un épisode où les mots vides de sens et l’entre-soi effacent l’émotion profonde et l’esprit critique. “Mon âme en suspens contemplait le monde tel un grand livre ouvert”, écrit-elle. Le deuxième roman déjà sur le métier, Paloma de Boismorel semble faire de la mise en échec de la vacuité son combat.
Bio express
Activité Journaliste et romancière
Âge 35 ans
Pays Française installée en Belgique
Actu La parution d’un premier roman La Fin du sommeil aux éditions de l’Olivier.
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