Avec Little Richard, il est le père du rock’n’roll. Elvis avait beau avoir tout ce qu’il fallait (il était blanc, déjà… ), il n’écrivait pas ses chansons. Chuck Berry était le roi. Il s’occupait de tout. Assurer le show, jouer de la guitare et rédiger ses propres textes. Des histoires complètes troussées en trois minutes. Fan du bonhomme, réalisateur de documentaires et ancien manager, Jon Brewer retrace la vie de la légende. Un portrait ni très sex (il a été développé avec l’épouse de Berry), ni très drugs (il carburait à l’eau claire) mais par contre incontestablement rock’n’roll.

C’est que Chuck, né Charles Edward Anderson Berry en 1926 dans le Missouri, a mené une existence mouvementée. À 21 ans, alors qu’il ne rêve pas encore de la musique, il a déjà passé trois ans en maison de correction. Braquages et vol de voiture… « C’était le parfait délinquant juvénile avant même que le concept existe », rigole George Thorogood. « C’était le premier gangsta. Vol à main armée quand même », renchérit Steven Van Zandt du E Street Band…

À côté des interviews de sa famille, ce ne sont que quelques-unes des nombreuses pointures à peupler le docu de Brewer. Nile Rodgers, les Beatles, Alice Cooper, Gene Simmons (Kiss), Wayne Kramer… Tous racontent ce génie qui a construit le pont entre le blues et ce qui allait devenir le rock. Le mec qui se voyait refuser l’entrée de ses propres concerts parce que les clubs y attendaient un blanc. Celui qui, en douceur, faisait tomber les barrières raciales. Bien avant Luther King et la lutte pour les droits civiques.

Maybellene (premier disque de crossover acheté par des jeunes Blancs, la station la plus blanche du pays la diffusait à des heures de grande écoute), Too Much Monkey Business, Roll over Beethoven, Rock and Roll Music. Le Johnny B. Goode de Retour vers le Futur, le You Never Can Tell de Pulp Fiction… Berry exprimait ce que tous les jeunes voulaient dire. « Il a inventé le teenager alors qu’il n’était lui-même plus un adolescent. »

Ce documentaire bien mené et convaincant malgré quelques scènes recréées et stylisées moyennement heureuses, évoque sa double personnalité et ses démêlés avec la justice. La prison trois jours après avoir joué à la Maison-Blanche…. Son goût de l’immobilier, le Berry Park et sa piscine (la première en forme de guitare au monde) où il a organisé des concerts. Mais aussi l’achat d’un restaurant parce qu’on lui en avait un jour refusé l’entrée, ses relations avec Keith Richards pendant le tournage de Hail! Hail! Rock ‘n’ Roll et les origines de son célèbre duckwalk. Mort en 2017 à l’âge de 90 ans, Berry (incarné en 2008 par Mos Def dans Cadillac Records) devrait prochainement faire l’objet d’un biopic développé, lui aussi, avec son entourage. Le secret reste apparemment toujours de mise…

Documentaire de Jon Brewer.

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