On ne touche pas

L’enseignement a amené son nombre de désillusions pour Joséphine. Prof de philo dans un lycée de banlieue parisienne, la jeune femme se bat contre les aberrations administratives et la torpeur de la plupart de ses élèves.  » Séduite par la publicité des valeurs, je me suis fait baiser par l’illusion d’accomplir une noble mission, celle d’éduquer, un si beau métier. » À la place de ses jours gris, Jo rêve d’une nuit de paillettes et de glamour. Elle franchit le pas, en travaillant le soir tombé comme strip-teaseuse dans un club des Champs-Élysées; les fantasmes qu’elle procure aux hommes, réguliers ou de passage, lui permettant alors de s’approprier un corps qu’elle ne regardait plus.  » Dans le brouhaha des mâles de la nuit« , Rose Lee -son nom de scène- n’est plus l’intellectuelle cérébrale et désabusée, remuant Épicure et Spinoza, mais celle qui s’est rendue désirable. Attention à la chute toutefois… De cette double vie, Ketty Rouf, maîtrise de philosophie au CV, tire un premier roman qui vient bousculer les préjugés sur le monde de la nuit et tire à boulets (assez) rouges sur le système éducatif français. Mais davantage, elle signe un délicat portrait d’une femme en reconquête d’elle-même, et Joséphine de découvrir qu’elle a vécu « inculte » une bonne partie de sa vie.

De Ketty Rouf, éditions Albin Michel, 240 pages.

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