Olive Kitteridge

© © DR

Minisérie créée par Jane Anderson et Lisa Cholodenko. Avec France Mc Dormand, Richard Jenkins, Bill Murray.

8

Saluons avec gratitude l’initiative de La Trois de revenir sur cette minisérie créée en 2014 pour HBO et diffusée ensuite sur Be Tv. Les non-abonnés et les rétifs au streaming ou au téléchargement pourront enfin découvrir Olive Kitteridge, adaptation en quatre épisodes arrache-coeur d’un roman d’Elizabeth Strout (prix Pullitzer 2009), produite par Tom Hanks (après avoir fait ses premières armes sur Band of Brothers et The Pacific) et bardée d’un casting digne d’un film multi-oscarisable: Frances McDormand, Bill Murray et Richard Jenkins (le papa revenant et ramenard de Six Feet Under). Toutefois, Olive Kitteridge se révèle bien plus emballante encore que la somme des talents qui garnissent sa fiche technique. Le format de la minisérie, s’il est traditionnel et bien ancré dans l’histoire du petit écran, a opéré depuis 20 ans une petite révolution, en associant à des productions particulièrement léchées, des thèmes audacieux. Ainsi, entre The Corner de David Simon (2000) et Big Little Lies de David E. Kelley (2017), se tient Olive Kitteridge, fruit d’un binôme féminin scénariste/réalisatrice, Jane Anderson et Lisa Cholodenko, responsables donc de cette fresque bouleversante qui éclaire les nécroses affectives, d’une confondante et horrifiante normalité, rongeant une famille et sa figure proéminente: Olive donc (McDormand), une prof de maths à l’âme sèche comme une pierre à fusil, mère de famille et épouse acariâtre, qui est à Madame Bovary ce que Margareth Thatcher est à Che Guevara. C’est simple: sa morve narcissique, aiguisée par sa froideur et boostée par une intelligence perverse en fait une arme de destruction massive pour son mari (Jenkins) et son fils (John Gallagher Jr.), qui ne peuvent s’empêcher de lui renvoyer amour, tendresse et finalement colère noire. Ce récit sublime, qui s’étale sur 25 ans, loin de toute détestation, est tendu vers le besoin de rédemption et de catharsis. Et ses maux psychiques ou physiques nous renvoient à nos somatisations collectives et nos blessures enfouies.

N.B.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content