Océan noir

Corto avant Corto Maltese, mais 100 ans plus tard… Lorsque Océan Noir démarre, Corto n’a pour lui que son mutisme et sa belle gueule, que l’on reconnaît immédiatement par sa boucle d’oreille. Pas de questions: cet ex-officier de la marine marchande (sa bio, sauf les dates, est fidèle à celle que lui avait inventée Pratt) traîne désormais avec des pirates dans les mers de Chine, mais ne se résout pas à passer au meurtre: il sauve, temporairement, la vie au docteur Fukuda, un « nikkei » ou Japonais du Pérou, affilié à Océan Noir, « une secte d’ultranationalistes qui se sont exilés au Pérou pour y amasser de l’or ». Mais le seul trésor que Fukuda possédait était un livre, qui va amener Corto Maltese de Tokyo aux hautes montagnes d’Amérique du Sud, dans un périple qui traversera le monde, l’Histoire et le délitement de l’humanité, quelques jours avant un certain 11 septembre… Corto reste donc fidèle à lui-même même s’il a changé d’époque: il reste cet homme ivre de liberté qui poursuit un trésor qu’il sait lui échapper. Pour la beauté du geste, sous celui de Bastien Vivès cette fois, plutôt joli lui aussi: son trait impressionniste et très libre, d’une grande justesse, fait merveille dans ce récit d’ambiances et d’atmosphères pour lequel, on le sent, on le voit, il a travaillé plus que d’habitude les compositions et les cadrages. Son oeuvre « la plus franco-belge » de son propre aveu, aussi dans ce besoin de rendre son personnage masculin « désirable » comme seule la bande dessinée européenne a été capable de le faire. Au final, derrière le coup, il y a une excellente bande dessinée.

Océan noir

de Martin Quenehen et Bastien Vivès, d’après Hugo Pratt, Éditions Casterman, 168 pages.

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