Le candidat démocrate a suscité une vague d’enthousiasme peu banale chez les musiciens américains. Rappeurs en tête.

La vidéo a fait le tour de la Toile, et plus encore. Yes We Can a été conçu par le rappeur Will.I.Am, filmé par Jesse Dylan, le fils de Bob. Sur trois accords de guitare, une série d’artistes – du chanteur soul John Legend à l’actrice Scarlett Johansson en passant par l’immense jazzman Herbie Hancock – font chorus aux mots de Barack Obama. En tout, près d’une quarantaine de participants reprennent des extraits du discours qui a suivi la défaite d’Obama face à Hillary Clinton lors des primaires démocrates au New Hampshire. Un beau coup de pub? Oui, sauf que le candidat métis n’y est pour rien. L’initiative est venue de la « base ». Large, dans son cas. XXL même, vu le nombre de soutiens affichés. Il faut dire que les années Bush ont réactivé une certaine idée de l’engagement de l’artiste. Il y a 4 ans déjà, Springsteen et consorts s’étaient mobilisés pour barrer la route à un second mandat de George Bush Jr, en organisant notamment une tournée passant par une trentaine de villes. L’effort n’aura pas suffi. Il a donc redoublé. Rarement, la classe musicale ne se sera en effet mobilisée aussi ouvertement pour un candidat, jusqu’à la confection d’une compilation destinée à alimenter les finances de la campagne. Normal pour celui qui est taxé de « pop star » par son rival, John McCain?

Il est vrai que, de son côté, le candidat républicain a beaucoup plus de mal à rassembler. On a bien annoncé un moment le soutien de Burt Bacharach. Mais le récent octogénaire, compositeur d’une flopée de tubes planétaires, a rejeté cette hypothèse dans une récente interview à un média canadien. Classiquement, ce sont donc les chanteurs country qui viennent à la rescousse: de Hank Williams Jr à Aaron Tippin, dont le dernier single s’intitule Drill Here, Drill Now – traduisez Forez ici, forez maintenant, raccord avec la promesse électorale républicaine de forer de nouveaux puits de pétrole en Alaska. Plus étonnant: le rappeur hispanophone Daddy Yankee a également apporté son soutien à John McCain. Mais c’est bien le seul de sa corporation…

Car la communauté hip-hop votera en masse pour Barack Obama. Après la Une du magazine Rolling Stone, le démocrate a fait celle de The Source, la bible hip-hop. C’est une démarche inédite dans le monde du rap, longtemps resté en retrait du grand cirque électoral US. Une mixtape circule même sur le Net, reprenant chansons, discours, et interviews de rappeurs soutenant le candidat démocrate. Ils y sont tous ou presque: de Jay Z (1) à Kanye West en passant par Nas (2). Ludacris a mis aussi son grain de sel. Mais avec un peu trop d’enthousiasme, insultant Hillary Clinton et dénigrant McCain dans son morceau Politics, Obama Is Here. Et le rappeur d’être gentiment mais fermement rappelé à l’ordre par l’équipe d’Obama. Il est parfois des amis embarrassants…

Texte Laurent Hoebrechts

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