Après délibération du jury, voici la crème du gratin du meilleur de l’année écoulée. S’il ne devait en rester que dix…

« veckatimest »: Grizzly Bear

La coqueluche indie de l’année. Pour son troisième album, Grizzly Bear livre un très grand cru. Le genre de disque long en bouche, à la fois limpide et rempli de subtilités. Avec Veckatimest, le groupe de Brooklyn tisse une folk psychédélique qui prend un peu plus d’ampleur à chaque écoute. Pour le coup, Grizzly Bear se paie même un mini-hit alternatif avec Two Weeks. C’est bien simple: même Jay Z est fan…

« xx »: The xx

Pas certain que le groupe, qui a déjà perdu en route l’un de ses membres, saura résister au buzz qui l’entoure. Tant qu’il est encore temps, autant donc profiter de ce qui s’avère être un des meilleurs premiers albums de 2009. Agés d’à peine 20 ans, les Londoniens susurrent une série de mélancolies nocturnes, déclinées sur des arrangements squelettiques. A la fois sombre, minimaliste et complètement évident.

« très très fort »: Staff Benda Bilili

De Kinshasa, voici le Staff Benda Bilili. Formé de musiciens rendus paraplégiques par la polio, le Staff répétait dans les rues de la capitale congolaise avant d’être repéré par Vincent Kenis (déjà derrière Konono et le Kasaï All Star). Il leur a permis d’enregistrer ce premier album sublime. Très très fort louvoie entre blues et rumba made in Mad Max Kin, à mille lieues du ndombolo qui règne sur les ondes locales. La sensation world de 2009.

« primary colours »: The Horrors

L’une des grandes tendances de 2009 fut le retour des guitares qui traînent et qui « fuzzent ». Or, il faut bien l’avouer, on a adoré se fracasser à nouveau sur des murs du son replâtrés à grands coups de larsens. Mention spéciale à The Horrors, leurs chansons qui pèsent trois tonnes, leur jusqu’au-boutisme dark, leurs tronches de cake… Produit par Geoff Barrow (Portishead), l’exercice de style le plus réussi de l’année.

« the ecstatic »: Mos Def

Il y a eu les albums de Jay Z, Kid Cudi, Raekwon,… Mais dans une année hip hop moyenne, l’option Mos Def reste peut-être encore la plus valable. Alors qu’on le pensait perdu pour la cause, le rappeur new-yorkais revient ici en grande forme. A nouveau inspiré, il retrouve de la consistance. The Ecstatic n’est peut-être pas l’album qui résume le mieux la scène rap en 2009. Il n’en reste pas moins l’une de ses sorties les plus réussies.

« la musique »: Dominique A

Pour son 9e disque studio, le Français a fonctionné en solo, replongeant dans l’isolement et l’intimité des débuts. Si le chanteur a retrouvé les plaisirs du home studio, rien ici ne sonne pour autant cloisonné ou calfeutré. Au contraire, Dominique A y déploie des chansons amples, baignées d’une lumière crue essentielle. Résultat: de Immortels à Des étendues, un nouveau sommet dans une discographie qui n’en manque pourtant déjà pas.

« wolfgang amadeus »: Ph£nix

Six mois après sa parution, on ne se lasse pas des chansons de Wolfgang Amadeus. Fidèle à une ligne pop (faussement) claire, Phoenix y livre quelques-uns de ses meilleurs morceaux, de 1901 à Love Like A Sunset. Au point d’avoir agité la blogosphère tout le long de l’année. Spécialement outre-Atlantique, où le disque a été célébré par une presse unanime. C’est ce qu’on doit appeler l’exception culturelle française…

« merriweather post pavilion »: Animal Collective

Le groupe rock le plus influent depuis Radiohead? En sortant son neuvième album au tout début du mois de janvier, Animal Collective a tout de suite placé la barre très haut. Sous une couche de psychédélisme bien barré, les gaillards mélangent joyeusement pop, rock, folk et électro. Le résultat n’appartient qu’à eux, aventureux mais pas forcément hermétique. Animal Collective est sur sa planète. Et il n’est pas près d’en descendre.

« the crying light »: Antony & The Johnsons

Colosse à la sensibilité à fleur de peau, Antony Hegarty possède l’une des voix les plus troublantes et transperçantes de son époque, quelque part entre Elvis Presley et Nina Simone. De quoi en faire un véritable ovni dans le paysage « rock » actuel. Ce qui ne l’empêche pas de récolter un succès public de plus en plus important. Avec The Crying Light, il a même la bonne idée de laisser tomber une série de maniérismes pour se concentrer sur des chansons d’une beauté lumineuse.

« fever ray »: Fever Ray

Au départ, Karin Dreijer Andersson est connue pour être la moitié du duo The Knife. La Suédoise s’échappe ici en solo le temps d’un album glaçant. Baptisé Fever Ray, le projet se révèle en effet être l’un des grands disques plombés de 2009. A la fois fascinant et tétanisant, futuriste et archétypal, Fever Ray est un diamant noir, une £uvre d’art rupestre dessinée à l’électronique. On ne s’en est toujours pas tout à fait remis.

Texte Laurent Hoebrechts

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