Nouvelle (nouvelle) donne pour le Brussels Film Festival, toujours très européen mais encore en quête d’une identité porteuse.

Capitale de la Belgique, capitale de l’Europe, Bruxelles se doit de posséder un festival cinématographique généraliste reconnu et populaire. Mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris. Et si le BIFFF (Brussels International Fantasy Film Festival) a installé de fort belle manière la ville sur la carte mondiale du cinéma fantastique, les manifestations non spécialisées dans un genre attirant le regard se déroulent au nord (à Gand) et au sud (à Namur) de Bruxelles… La nouvelle équipe qui entend aujourd’hui relancer le Brussels Film Festival fait donc un audacieux pari, méritant l’attention du milieu cinématographique comme des spectateurs.

Une histoire mouvementée

C’est à Dimitri Balachoff, journaliste à la RTBF et directeur du laboratoire Meuter Titra, qu’on doit la création du Festival International du Film de Bruxelles. La première édition eut lieu en 1974, dans l’auditorium du Passage 44, d’où il migrera vers le Palais des Congrès en 1983. C’est une époque assez faste en matière de films et de vedettes, grâce à la participation active des distributeurs qui trouvent dans la manifestation une vitrine pratique pour y tenir des avant-premières. Il y avait souvent du monde, une certaine ambiance, mais aussi de la confusion, et un programme dépendant énormément du bon vouloir de la profession, et reflétant donc inévitablement l’état des rapports (de force, parfois) entre ses grands représentants, les majors américaines surtout… En 1990, c’est une agence de communication, Kcom, qui reprenait l’organisation du festival, sous la direction de Christian Thomas (aujourd’hui distributeur, avec Imagine Films, de la toute récente Palme d’Or cannoise). Les nouvelles idées lancées à cette occasion ne rencontrant malheureusement pas un succès suffisant, la profession reprit la main en 1995, sous la forme d’une asbl présidée par le monsieur cinéma de la VRT, Jo Röpcke. Une compétition européenne fut alors organisée, pointant dans une direction continentale jamais démentie depuis. Le Palais des Congrès, jugé peu pratique, fut abandonné en 1998 pour… les salles des cinémas UGC Acropole et Vendôme. L’année suivante, la manifestation essaimait vers des salles du bas de la ville, le Musée du Cinéma et même une salle de Kinepolis, plus -un événement- le Kladaradatsch! Palace, ancien cinéma Pathé restauré. La dispersion ne fut pas une vraie réussite, et le fermeture du « Klada » en 2002 entraîna même l’annulation du festival. L’année suivante vit la reprise du projet par le producteur et homme d’affaires Dominique Janne. L’arrimage décidé à la dimension européenne (jusque dans le nouveau nom de la manifestation, Festival du Film européen de Bruxelles), l’installation à Flagey, ne manquaient pas d’idée, mais on ne peut pas dire que le public suivit, ni que l’aura du festival y gagna vraiment, confirmation de la difficulté à faire exister un projet de dimension dans ce qui est pourtant la capitale de l’Europe.

Un nouvel élan?

C’est Ivan Corbisier, connu pour ses Brussels Movie Days à Wolubilis, qui reprend le flambeau cédé par Dominique Janne, avec lequel il collabora d’ailleurs durant le « règne » de ce touche-à-tout se recentrant aujourd’hui sur l’immobilier après avoir aussi été le propriétaire du magazine satirique Pan. L’enthousiaste nouveau directeur du Brussels European Film Festival (l’appellation complète, mais le mot « european » est en tout petit dans le logo…) a renoncé à la limite des premières ou deuxièmes £uvres qui prévalait pour pouvoir intégrer la Compétition. De quoi élargir le choix pour la principale section du festival. Des avant-premières alléchantes, une section « Panorama » et une autre intitulée « L’Europe des genres » également prometteuses, marqueront sans doute des points, tout comme le fera l' »European Day » où Jaco Van Dormael donnera une leçon de cinéma et où sera remis le Prix Lux du Parlement européen. Espérons que l’ambiance sera elle aussi à la hausse, pour donner au festival le coup de jeune dont il a singulièrement besoin. l

u www.brusselsfilmfestival.eu

Texte Louis Danvers

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