LE COUP DU BANANIA – BOULET CARTONNE EN LIBRAIRIE AVEC SES NOTES ISSUES D’UN BLOG À SUCCÈS. RENCONTRE AVEC UN AUTEUR QUI ASSUME SON STYLE « FRIME » ET « GÉNÉRATIONNEL ».

DE BOULET, ÉDITIONS DELCOURT.

En quelques années, Gilles Roussel, alias Boulet, s’est imposé comme l’un des hérauts des blogs BD. Son site, Bouletcorp.com, affiche des statistiques impressionnantes. Pourtant, l’auteur se défend d’être un blogueur avant tout:  » A la base, je me servais du site comme d’un calendrier pour prévenir les lecteurs des séances de dédicace, confie-t-il dans une petite loge du paquebot Flagey. J’ai mis de plus en plus de dessins en ligne mais ils ne sont pas conçus spécifiquement pour le format Web.  »

Quel est le public de Bouletcorp.com?

D’après Facebook, j’attire 2 tiers d’hommes et un tiers de femmes, pour un âge moyen de 25-35 ans surtout, mais aussi de 18 à 25 ans.

Pourquoi ce public de trentenaires avant tout, d’après vous?

C’est ce que j’appelle le « coup du Banania », une idée qui vient de Lisa Mandel. A un moment donné, j’ai arrêté de dessiner des petits déjeuners anonymes, avec bouteille de lait toute blanche et paquet de céréales sans marque, pour raconter les choses de manière plus concrète, avec des références précises. Le public, du coup, s’est nettement précisé. Ce n’est pas grave, car la BD est une lecture éphémère donc forcément datée. Je fais du générationnel assumé.

Les vidéos « making of » de certaines planches, sur le site, sont assez impressionnantes. On vous voit dessiner sans retouche, du premier jet pur et dur!

Je dessine vite, c’est vrai -mais attention, les vidéos sur le site sont accélérées ( rires)! C’est une technique de dessin basée sur l’improvisation, inspirée par des gens comme Lewis Trondheim. Le rêve est de dessiner sans s’encombrer. Un carnet sur les genoux, un simple stylo. Pour que le dessin devienne une vraie forme d’écriture. Ceci dit, il y a une grosse part de frime dans tout ça, un côté tape-à-l’£il dans la facilité apparente!

Dans vos volumes de Notes, pourrait-on dire que vous réenchantez le réel? Cette aptitude à « gonfler » un événement anodin pour en faire une histoire « bigger than life »…

Je suis super fan de Brassens mais je déteste la chanson Le Grand Pan, où il oppose nature et science. Pour moi, la science elle-même enchante le réel. Ou plutôt, le réel est enchanté: il faut simplement s’en rendre compte. Imaginez-vous être un homme du Moyen Age qui débarque aujourd’hui: cette moquette, ces ampoules, c’est de la science-fiction permanente!

Quand on cherche vos influences, des séries comme Calvin & Hobbes viennent d’emblée à l’esprit, ou un auteur comme Franquin…

Calvin & Hobbes, je les ai découverts avant tout le monde, lorsque j’étais encore au collège, à l’occasion d’une première édition en français passée totalement inaperçue. Ils n’ont commencé à être connus en France que lors de la seconde édition. Je m’y retrouve dans un certain minimalisme, une façon de faire dériver le réel dans l’imaginaire… Franquin, oui, mais Gaston plus que Spirou. J’ai été élevé à la BD franco-belge, les Schtroumpfs et Gaston Lagaffe. Franquin était un génie du trait: même si je vis 200 ans, je ne dessinerai jamais comme ça! Côté dessin animé, je pourrais citer les Simpsons de Matt Groening. Côté mangas, Toriyama, Otomo, Oda. Ceci dit, mes influences les plus profondes sont à chercher chez mes copains d’Art déco: Lisa Mandel, Erwann Surcouf, Reno, Aude Picault (qui est ma dernière grosse influence visible). Les voir travailler, voir leurs gestes, cela a forcément des conséquences sur mon propre travail.

VINCENT GENOT ET VINCENT DEGREZ

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