1 Le roi des mouches (tome 2)

DE mezzo et pirus chez drugstore.

Dans un décor de suburb américaine dépressive, une dizaine d’âmes perdues racontent à tour de rôle leur mal-être et leurs ambitions avortées. La référence au fameux Black Hole de Charles Burns saute aux yeux, jusque dans le graphisme à la beauté glaçante. Le bonheur est en option dans cet enfer coquet. Un magnétisme vénéneux irradie chaque planche. Suffoquant et fascinant.

2 Nombril sans fond

DE dash shaw chez ça et là.

Parce qu’ils ont décidé de divorcer après quarante ans de mariage, Patrick et Maggie Loony réunissent une dernière fois leur petite tribu. Et nous voilà embarqués dans un huis clos à première vue banal mais que les circonstances, le fumet des souvenirs enfouis remontant à la surface et un mal-être diffus vont rendre bientôt passionnant. Monumental.

3 Pinocchio

DE winshluss chez requins marteaux.

Un album au graphisme fou et à l’histoire absurde, sale et méchante conspuant l’idéologie consumériste. Le Pinocchio de Collodi comme vous ne l’avez jamais vu, métamorphosé par cet artificier du rire qu’est Win-shluss. Au mélange des tons fait écho une esthétique polymorphe virtuose. Un pur chef-d’oeuvre.

4 Spirou, le journal d’un ingénu

D’émile bravo chez dupuis.

Dans cette 4e Aventure de Spirou et Fantasio par, le tout jeune groom rencontre une petite blonde – qui lui vaut ses premiers émois amoureux – un dignitaire nazi sans pitié et un amateur de scoop nommé Fantasio. Emile Bravo parvient à la synthèse d’un personnage totalement contemporain et d’un style résolument rétro, avec, comme liant, un humour irrésistible.

5 Filles perdues

D’alan moore et melinda gebbie chez delcourt.

Le père de Watchmen affiche ses ambitions: donner ses lettres de noblesse à la pornographie. Avec les héroïnes de Peter Pan, d’ Alice au pays des merveilles et du Magicien d’Oz, il tient son trio infernal. Moore et Gebbie imaginent la rencontre sensuelle des trois femmes – et en profitent pour révéler leurs vrais débuts, avec notamment un Peter Pan pas si asexué que cela.

6 La force des humbles

D’hiroshi hirata chez delcourt.

S’il faut, pour guérir le fils du seigneur de son irascibilité, se découper un morceau de cuisse pour le lui faire manger, qu’il en soit ainsi… Une histoire parmi d’autres de ce recueil superbe de retenue, qui permit à Hiroshi Hirata de « trouver une nouvelle voie narrative »… et de se sauver in extremis de ses créanciers après une année d’inactivité.

7 Loin d’être parfait

D’adrian tomine chez delcourt.

Américain d’origine nippone, Ben Tanaka sort avec une Japonaise mais paraît attiré par les femmes blanches. Sa copine, à bout, partira à l’autre bout du continent US, le laissant seul avec ses vieux démons. A la fois très littéraire et n’hésitant pas à jouer sur le silence pour transmettre l’hébétude des corps, Loin d’être parfait est sec comme une nuit blanche.

8 Marzi

DE sowa et savoia chez dupuis.

Dans un dessin à la simplicité efficace, Sylvain Savoia raconte la jeunesse de sa compagne, Marzena Sowa, dans la Pologne des années 80. Il fait tomber de nombreux fantasmes bâtis sur les blocs de béton du mur de Berlin. Et plonge dans le quotidien d’une famille qui va voir l’éclosion de Solidarnosc, l’explosion de Tchernobyl et les prémisses de l’ouverture à l’ouest. Un indispensable.

9 Tout seul

DE chabouté chez vents d’ouest.

Avec Tout seul, Chabouté livre une nouvelle perle graphique. Une de ces histoires dont la lecture arrive à nous éloigner du quotidien pour nous plonger dans un univers résolument à part. Perdu en pleine mer, un homme vit seul, prisonnier involontaire et solitaire, dans le phare qui l’a vu naitre et qu’il n’a jamais quitté. A l’image d’un Comès, Chabouté se profile définitivement comme un grand de la BD.

10 No comment

D’yvan brun chez glénat (drugstore)

Sur le principe des images sans commentaire d’Euronews, Ivan Brun a construit un album en forme de baffe dans la conscience. Dans No Comment, il n’y a aucune gentillesse, pas la moindre lueur d’espoir, aucune rédemption possible. Cet album nous rappelle qu’il n’a pas fallu attendre une crise financière pour constater que la planète part méchamment en vrille.

L.R. , V.G. et V.D.

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