Après une catastrophe indéterminée, des milliers de personnes se retrouvent sur les routes. Le narrateur vient d’avoir dix-sept ans quand il rencontre  » le garçon« , perché dans un arbre. Tu vas où? Au Nord, vague promesse vers laquelle pointe la boussole offerte par une main aimante. Après avoir été chassés de leurs villages puis des camps, les adolescents déracinés prennent la route vers une destination et des lendemains incertains. Au milieu des champs de ruines, on s’apprivoise: « Les premiers jours, je croyais l’avoir inventé sans m’en rendre compte, je pensais que lui aussi était une part de moi (…) » Les deux réfugiés traversent des paysages dévastés, croisent les dépouilles abandonnées, à la recherche d’un aliment tombé de la poche d’un malheureux soldat ou d’une colonne de camions. Dans un pays indéterminé, les souvenirs épars pour tout baluchon, marcher, voilà tout. « Les bouchers, les marches, les revenants, on ne peut pas les faire disparaître. » Au coeur d’un récit énigmatique, criblé de balles, couvert de boue et de poussière, la Norvégienne Merethe Lindstrøm creuse l’exil, le voyage insensé quand plus rien n’a de sens. À l’affût, la langue poétique emprunte à la fable comme un oiseau qui s’égosille, guettant un chatoiement dans les décombres.

De Merethe Lindstrøm, éditions Cambourakis, traduit du norvégien par Marina Heide, 208 pages.

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