New Kids on the Block

Traitant d’alcoolisme et de harcèlement, The Kids We Were mélange les genres. L’absence de gameplay et son récit lourdaud le clouent hélas au sol.

 » Ce que le joueur de Zelda fuit n’est pas le cadre familier mais plutôt l’ennui familier. » Victor Moisan replaçait assez justement l’importance du merveilleux au centre de l’objet vidéoludique dans Zelda: Le Jardin et le Monde ( lire Focus du 16 décembre 2021). Voyant des événements surnaturels là où il n’y en pas, The Kids We Were résonne avec cette idée pour se lover dans un quotidien d’une apparente banalité. Ce jeu d’aventure nostalgique du Japon des années 80 y explore des tranches de vie marquantes. Et grossit ainsi la vague des wholesome games, ce mouvement de jeux vidéo bienveillants évitant le stress et la violence.

Aujourd’hui encore, le Japon reste strictement fermé aux étrangers pour cause de pandémie, sans date de réouverture en vue. Évoquant l’isolationnisme de la période Edo (entre le XVIIe et le XIXe siècle), les cartes postales de The Kids We Were racontent ce repli interpellant avec un goût particulier. Un cimetière traversé de cris des cigales, une rue commerçante crépusculaire, un temple sous une nuit étoilée… Le jeu indé japonais maîtrise l’art de la lumière, de l’atmosphère. Mieux, ses dioramas en pixels 3D offrent une nouvelle vie à 3D Dot Game Heroes et à Minecraft.

New Kids on the Block

Lâché en 2020 sur smartphones et aujourd’hui adapté sur PC, The Kids We Were s’ouvre sur l’exploration de Kagami, bourgade japonaise assoupie. Attendant sa mère partie à une obscure commémoration, Minato, un jeune garçon accompagné de sa soeur, y recherche des traces de leur père qui leur a transmis sept énigmes à résoudre. Du fantôme d’un bain public à un train hanté en passant par une femme au sourire étrange, le chapitrage du jeu se vit a priori comme une enquête à la Chair de poule. Mais il finit par traiter de sujets assez graves comme l’alcoolisme, la violence domestique et le harcèlement.

Nom de Zeus!

Habité par un voyage temporel pour sauver un destin familial funeste (coucou Retour vers le futur), le récit de The Kids We Were mélange les genres avec un vrai talent. Entre un père disparu et une soeur condamnée par sa moelle épinière, il verse hélas dans la dramatisation excessive. Veiné de petites pointes d’humour et prenant le temps d’enseigner des lieux communs au gamer, le trip oublie également son gameplay en route.

Il s’agit de trouver son chemin et les bons interlocuteurs, de parler à des passants en rue, de dénicher des pièces cachées dans les décors façon Professeur Layton, de collectionner 90 objets rétro. Cette quasi-absence de ressorts ludiques n’aurait pas été dommageable si le récit ne se chargeait pas de grosses longueurs de dialogues ou d’allers-retours urbains allongeant artificiellement sa durée de vie. Se bouclant en six heures environ, The Kids We Were nous rappelle en tout cas que la bienveillance ne suffit pas à faire un bon jeu.

The Kids We Were

Édité et développé par Gagex, âge: 12+, disponible sur Android, PC (version chroniquée), iOS et Nintendo Switch.

6

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content