Nanar Wars

Dominée par La Mujer Murcielago, déclinaison mexicaine de Batwoman réalisée en 1968 par René Cardona, la couverture de Nanar Wars est déjà tout un programme, qui annonce pêle-mêle le E.T. espagnol, le Zorro indien, le Star Wars turc et autre Superman de Bollywood. C’est en effet de cinéma de contrefaçon qu’il est ici question, en l’occurrence des imitations non autorisées de grands succès hollywoodiens, tournées des Philippines au Bangladesh, de l’Inde au Brésil, et l’on en passe. Les auteurs, Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle (déjà responsables d’une Anticyclopédie du cinéma parue chez le même éditeur), en connaissent assurément un bout sur la question, qui décortiquent ici amoureusement, tout en les contextualisant, 35 titres estampillés purs nanars. Répartis entre « héros classiques » (soit Tarzan, Zorro et King Kong), « super-héros » et « blockbusters », les films répertoriés dans ces pages répondent surtout à une même philosophie du cinéma Z, restituée de façon imagée dans des textes hilarants. C’est donc avec un plaisir (coupable) non dissimulé que l’on découvre un Shikari, le King Kong indien -« Sa recette? 1 % de King Kong+ 99 % de romance = 100 % de nanar« -, le Jarry Putter mexicain ou encore Los Extraterrestres, déclinaison argentine de E.T. dont on apprend au passage qu’elle trôna au sommet du box-office local. Soit une plongée rafraîchissante au royaume du kitsch et du n’importe quoi -on y croise Zorro « se déhanchant au son de l’harmonium punjabi« ou un Supersonic Man en costume à paillettes « certes à l’épreuve des balles, mais pas du ridicule« -, à laquelle ne manque que l’appoint d’un DVD, histoire de pouvoir apprécier sur pièce. Prévenants, les auteurs fournissent toutefois quelques pistes « pour aller plus loin… » Un must.

D’Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle, éditions Wombat, 160 pages.

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