Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

en stéréocolor – Producteurs hypercotés, les Neptunes réactivent leur projet, N.E.R.D. Et livrent une série de grooves bien balancés, juste à temps pour l’été.

« Seeing Sounds »

Distribué par Universal.

Sur l’intro de Seeing Sounds, Pharrell Williams raconte la vague de chaleur de l’été 1980. Il a alors 7 ans et rien d’autre à faire que de rouler en BMX et prendre des douches pour se rafraîchir. C’est là, qu’un jour, en fermant les yeux sous l’eau, il commence à voir les sons. En langage scientifique, on appelle ça une synesthésie, dont Wikipédia renseigne qu’elle concerne quelques 4 % de la population, et consiste à percevoir les sons comme « colorés, ou ayant une forme particulière »… Peu importe que le récit de Williams soit une fumisterie ou pas: qu’a bien pu voir ce jour-là celui qui est devenu l’une des principales icônes pop de son époque? Car c’est bien de cela dont il s’agit. Un statut précieux partagé par quelques-uns (au hasard, Thom Yorke ? Amy Winehouse? Justin Timberlake? James Murphy?…)

Rappel: pour arriver jusque-là, il y a eu d’abord une flopée ahurissante de hits produits pour d’autres. De Justin Timberlake justement à Kelis en passant par Snoop Dogg, Britney Spears ou Madonna. Le plus souvent, le tube était à mettre au crédit des Neptunes, le duo de producteurs formé avec Chad Hugo. Les mêmes, augmentés du rappeur Shay Haley, ont cependant leur cour de récréation: N.E.R.D .  » Les Neptunes, c’est ce que l’on fait; N.E.R.D, c’est ce que l’on est« , explique Pharrell Williams. Il y a donc eu In Search Of, en 2001, puis Fly Or Die. Le temps de se voir endosser le maillot de sauveurs de la pop, mélangeant r’n’b, rock, et hip-hop, avant de voir leur crédit s’effilocher petit à petit. Brillants pour les autres, les Neptunes ne convainquaient qu’à moitié sous leur propre compte. Jusqu’à annoncer même la fin du projet en 2005.

BANDE-SON IDéALE POUR L’éTé

Trois ans plus tard, voilà pourtant une nouvelle sortie de N.E.R.D. Avantage: sans jamais avoir vraiment quitté l’avant-scène (les productions pour les autres toujours, le solo de Williams en 2006…), l’enjeu (la pression?) n’est plus le même. A moins que ce ne soit les attentes? On ne s’ennuie jamais en tout cas en écoutant Seeing Sounds. Comme d’habitude, le groove part un peu dans tous les sens. Il reste des énormités, des ponts un peu bancals, et autres facilités (le poussif Kill Joy). Mais à côté de ça, on aurait tort de bouder le plaisir filé par un morceau comme Yeah You, petite perle laid-back, ou la longue saillie retro-soul de Sooner or Later. Dans le genre plus carré, il y a Spaz, ou encore le single cocaïné Everyone Nose (sic) qui fait le boulot en repiquant un sample de Rakim, pendant que les filles font la file devant les toilettes… Plus loin, c’est encore la mélodie made in eighties You Know What qui fera tourner la tête – et les jupes – de ces mêmes demoiselles.

Le fait est qu’au bout de la cinquantaine de minutes de Seeing Sounds, on pense bien avoir trouvé la bande-son idéale de l’été 2008: chaud, léger, coloré, sexy aussi. Dans les notes de pochette, Pharrell conseille d’ailleurs d’écouter le disque sous la douche toutes lumières éteintes. Et on imagine, accompagné…

u www.myspace.com/nerdofficial

LAURENT HOEBRECHTS

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