Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

NERD de rien – Plus candidat à faire la révolution, N.E.R.D sait par contre toujours comment faire la fête. La preuve avec un 4e album aussi vain que décomplexé…

« Nothing »

Distribué par Universal.

Juillet dernier. Dans les coulisses du festival des Ardentes, on s’affaire. L’un des tout gros poissons de l’édition 2010 vient d’arriver: N.E.R.D est dans la place. Le nouvel album est à peine terminé et attendra encore plusieurs mois avant d’atterrir dans les bacs, mais le groupe est déjà prêt à en parler avec quelques journalistes. Sauf qu’arrivé en retard, l’entretien se limitera à une causerie d’une dizaine de minutes, pas une de plus. Le grand cirque rock’n’roll n’est pas mort… A plus d’un titre d’ailleurs. Dehors, les filles n’en peuvent déjà plus à l’idée de croiser le regard de Pharrell Williams. On a beau dire: le gaillard reste l’un des personnages les plus magnétiques de la planète pop.

Début des années 2000, on a même pu penser que Williams allait à lui seul redéfinir les contours du hip hop. Grâce à ses productions sous le nom des Neptunes, en compagnie de son camarade Chad Hugo, collaborant avec une impressionnante série de poids lourds, de Jay-Z à Snoop Dogg, de Kelis à Britney Spears… Grâce aussi aux premiers essais de N.E.R.D, groupe monté par Williams, Hugo et Shay Haley, qui dès son premier album en 2001 tentait le croisement entre hip hop et rock. Le tout avec une bonne dose de crânerie et de flamboyance fashion.

Grands gamins

Jamais pourtant N.E.R.D n’a tout à fait converti l’essai. Et ce n’est pas Nothing qui y changera quelque chose. Au cours de la conversation de juillet dernier, Pharrell lâchait ainsi: « On n’est les rois de rien. On veut juste faire de la bonne musique. Sérieux! On est des grands gamins, on ne grandira jamais. » Le plus fort, c’est qu’on est près de le croire. La bio de Nothing explique ainsi que Williams et ses camarades avaient terminé l’album depuis janvier dernier, avant de préférer tout jeter pour recommencer à zéro. Jamais un bon signe… « Les chansons n’étaient pas mauvaises, mais on ne le sentait pas. »

Quelque part, Nothing joue donc la sécurité. Retour aux élémentaires. Il commence avec Party People et termine par le tube Hot-N-Fun, soit 2 missiles dirigés vers la piste de danse. Du N.E.R.D pur jus, y compris dans ce qu’il peut avoir d’irrésistiblement efficace. Produit par Daft Punk, Hypnotize U aurait pu être la clé d’un disque plus aventureux, mais la tentative est isolée. Ailleurs, le groupe revendique un feeling plus sixties. Si c’est pour souligner le caractère plus organique et fluide de Nothing, ce n’est pas faux: N.E.R.D se laisse aller. C’est parfois brillant ( Help Me), mais aussi par moments calamiteux, le groupe se permettant tout et donc parfois aussi n’importe quoi ( Sacred Temple). « On n’apprend jamais rien », lâche Pharrell sur Life As A Fish. Chez beaucoup, ce dilettantisme aurait dégonflé la baudruche depuis longtemps. Avec Nothing, plus personne n’est dupe, mais on continue pourtant de jouer volontiers le jeu.

Encore une question tout de même. Sur Help Me, Williams chante  » I won’t kill you, but I’ll watch you die. » Une murder ballad? « Non, c’est plutôt un morceau sur les personnes qui trichent. Les imposteurs. » Il en connaît beaucoup? « J’imagine que tout le monde l’est un peu, non? » De fait…

Laurent Hoebrechts

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