Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

En bonne voix – Formation phare de la scène trip hop des années 90, Morcheeba retrouve Skye, sa chanteuse fétiche, pour un disque pop plus léger que l’air.

« Blood Like Lemonade »

Distribué par Pias.

Sur la cover de Blood Like Lemonade, un sticker insiste:  » Avec la voix de Skye« . La précision n’est pas superflue. Avec le retour de Skye Edwards, Morcheeba retrouve sa configuration originale. Celle qui, dans les années 90, figurait l’une des têtes de gondole du mouvement trip hop. Avec dans leur cas précis, un penchant à la fois plus pop (le tube Rome Wasn’t Built In A Day) et plus downtempo que les autres.

Il y a 7 ans, Paul et Ross Godfrey se séparaient de la belle. Pour revenir aujourd’hui à des meilleures dispositions. « On s’est croisé à Londres, et dans la foulée on a été manger un bout pour discuter. » A la fin du repas, l’affaire était faite: Morcheeba, canal historique, était relancé pour un tour. Tant mieux pour les frères qui n’ont jamais vraiment trouvé de remplaçante convaincante. Tant mieux pour Edwards aussi qui a dû cravacher pour s’imposer en solo, son deuxième effort n’étant même jamais sorti qu’en digital l’an dernier. Godfrey explique lui plus prosaïquement: « La porte n’a jamais été tout à fait fermée. Il n’y a aucun intérêt à prendre des décisions définitives. Après tout, vous ne savez jamais comment vous allez vous sentir le lendemain. Pourquoi s’imposer des contraintes?… Le fait est qu’il n’est pas simple de mettre d’accord 3 personnes tout le temps. Donc quand cela arrive comme ici, il faut en profiter et capter le moment. En gros, on s’est vu en septembre et en décembre le disque était fini. »

Gueule de bois

Un petit exploit quand on sait que chacun vit aujourd’hui de son côté: Skye à Londres, Paul dans le sud de la France et Ross aux Etats-Unis. De cet inconvénient, Ross Godfrey affirme pourtant en avoir tiré un avantage. « Quand chacun bosse de son côté, le processus devient plus confortable. D’un côté, plus besoin d’attendre pendant des heures que Paul règle le son de la caisse claire. De l’autre, vous pouvez vous-même essayer des trucs sans tanner les autres. Pour ce disque, on a essayé chacun des choses que l’on ne se serait certainement pas permises si l’on s’était retrouvés tous les 3 dans le même studio. »

Pour autant, l’esthétique du groupe n’est en rien bouleversée. Plus que jamais, Morcheeba trousse une pop plus légère que l’air, avançant au ralenti, presque en sourdine. L’explication de Godfrey sous forme de boutade: « Le soir, on picolait pas mal. Du coup, le lendemain, quand vous avez la gueule de bois, il ne vaut mieux pas faire une musique trop bruyante… » De fait, Blood Like Lemonade ne s’énerve jamais, aérien au point de voir certains titres carrément s’évaporer et de s’y ennuyer. A moins que l’on ne soit trop sollicité pour pleinement en profiter? « On cherche à créer le genre d’atmosphère que l’on peut trouver vers 3 h du mat’. A cette heure-là, ce n’est plus tout à fait la nuit, pas encore le matin. Surtout, comme il fait encore sombre et calme, votre cerveau n’est pas trop sollicité. Il est davantage disponible pour la musique. Du coup, vous en profitez mieux. » A bon entendeur…

Laurent Hoebrechts

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