À hauteur d’ado, grande ville ou bled perdu, la rentrée des classes est partout pareille. On se demande avec qui on sera en classe, quel prof nous fera suer, de quel grand il faudra se méfier, si le canon du lycée nous remarquera enfin, si le BG likera notre dernier post… Mais que devient cette jeunesse lorsque le réseau internet tombe en panne? Cyrille Pomès, à l’image d’un dieu omnipotent qui s’ennuie, observe les réactions de ses contemporains lorsqu’on leur enlève leur jouet. Il pousse le bouchon plus loin avec Cosmos, élève marginal dont la mère s’est noyée il y quelques années lors d’une de ses baignades matinales. Il vit depuis dans un petit village côtier avec son père qui ne se remet pas de la disparition de sa femme. Pour survivre, Cosmos évite Loïc, le caïd du bahut qui ne rate pas une occasion de lui foutre une trempe quand il le croise. La coupure d’Internet, Cosmos s’en fout, il n’a pas de portable, son père ne veut pas. Quant au manque de la mère, il le comble dans ses balades le long de la plage, dans la lecture ou dans la musique. Privé de Snoop, le réseau social qui cartonne, ses petits camarades de classe vont-ils enfin faire un pas vers lui? Pomès s’est replongé dans ses souvenirs d’ado pour cette très chouette chronique au spleen assumé. L’universalité de son propos et des dialogues qui sonnent juste font que l’auteur ne tombe pas dans la caricature. Et si caricature il y a, c’est pour mieux croquer les trognes des gamins, des profs et des parents croisés. Les couleurs d’Isabelle Merlet achèvent le rendu des ambiances d’été finissant, d’automne pluvieux et des jours toujours plus courts.

Moon

De Cyrille Pomès, éditions Rue de Sèvres, 160 pages.

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