Monsieur grand spectacle

Cléopâtre

Cecil B. DeMille fut très contesté, mais ses succès populaires et son sens du (grand) spectacle restent impressionnants.

On lui doit deux des dix plus grands succès (en termes de nombre de spectateurs) de l’histoire du cinéma. Mais si le barnumesque Sous le plus grand chapiteau du monde ( The Greatest Show on Earth, 1952) et le biblique Les Dix Commandements ( The Ten Commandments, 1956) tutoyèrent les sommets du box-office international, beaucoup d’autres films portant sa signature remportèrent d’éclatants succès populaires… et une poignée d’Oscars. Cecil B. DeMille -le B. est pour Blount, son deuxième prénom- a presque toujours bénéficié des faveurs du public, qu’il savait plus qu’aucun autre satisfaire avec des spectacles flamboyants. Au point de devenir comme la figure emblématique d’un certain Hollywood, par ses choix comme par sa réussite. Le fait qu’on ait pu par ailleurs le traiter de réactionnaire raciste (pas faux) et de vilain misogyne (pas vrai, dans ses films au moins) n’a pu faire planer qu’une ombre fugitive sur une filmographie abondante et dont l’ensemble, la durée, l’éclat ont poussé l’association de la presse étrangère à Hollywood à créer un prix à son nom, le Cecil B. DeMille Award, attribué chaque année durant la cérémonie des Golden Globes. Un prix consacrant un artiste pour l’ensemble de sa carrière et dont Cecil B. fut le premier récipiendaire… Mais pourquoi tout ça pour lui? Les quatre films réédités aujourd’hui en Blu-ray apportent quelques éléments de réponse.

Monsieur grand spectacle

D’abord il y a Cléopâtre ( Cleopatra, 1934). Une forme de chef-d’oeuvre noir et blanc revisitant l’Égypte antique à la lumière du style Art déco (décors sublimes de Hans Dreier) et dans des costumes (signés Travis Banton) découvrant plus qu’ils ne couvrent. Avec des mouvements de caméra d’une sensualité rare et des dialogues modernes jusqu’à l’anachronisme assumé. Un régal pour les yeux, dominé par la prestation de Claudette Colbert dans le rôle titulaire. Une actrice audacieuse et piquante, qu’on retrouve dans un autre péplum, chrétien celui-là: Sous le signe de la croix ( The Sign of the Cross, 1932). Une fantaisie où Colbert campe idéalement Poppée face au Néron de Charles Laughton, et où la vérité historique s’efface au profit des clichés. C’est très sot, mais quel spectacle haut en couleur!  » Amateur d’actrices françaises un peu coquines« , selon les mots de Jean-Pierre Dionnet dans son introduction, DeMille choisit plus tard Paulette Goddard pour le rôle principal des Naufrageurs des mers du Sud ( Reap the Wild Wind, 1942), film d’amour et d’aventures marines où John Wayne combat… un poulpe rose. Un film fascinant, et prouvant comme les deux précédents que les femmes ont toujours le rôle le plus fort dans les films de Cecil B. La Loi de Lynch ( This Day and Age, 1933) est pour sa part une curiosité qui met en vedette des étudiants rebelles voulant faire justice suite au meurtre impuni d’un tailleur juif. Ironique, quand on sait les reproches d’antisémitisme adressés non sans raison au cinéaste…

Monsieur grand spectacle

Quatre films de Cecil B. DeMille

Avec Le Signe de la croix, Cléopâtre, Les Naufrageurs des mers du sud, La Loi de Lynch. Dist: Elephant.

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