Les séries américaines ont trouvé un super filon pour passionner les foules: l’argent. Derrière et devant la caméra.

L’argent, c’est formidable. Surtout pour un scénariste de série télévisée. Parce que l’argent porte en lui des milliers d’histoires en germe. Le blé, quand il se compte en valisettes de liasses, rend jaloux, gourmand, paresseux… Constat numéro un: il a une dimension mystique, puisqu’il peut engendrer tous les péchés capitaux. Constat numéro deux: un péché, c’est une mine d’or pour un récit.

Et si l’argent est la source de tout le mal, il offre aussi quelques bienfaits. Parmi ses qualités: il rend beau et attire la beauté (Philippe Gouillou, dans un ouvrage de psychologie évolutionniste, confirmait en 2003 ce que tout le monde savait déjà: les femmes des riches sont belles). Ce qui nous amène à opérer un troisième constat: la beauté, ça donne vraiment très bien sur un écran. Finalement: l’argent, personne ou presque n’en a. Alors, principe de rareté aidant, les riches fascinent.

Vie par procuration

Les riches sont des gens fantastiques. Surtout à la télévision .  » Etre riche, c’est ne pas penser à l’argent« , a dit Claude Rich. Ou d’y penser, mais pas comme nous. C’est vrai… les milliardaires, ils ne saoulent personne avec des considérations triviales sur le pouvoir d’achat tous les soirs au JT. Voilà sans doute pourquoi plein de séries télé mettent en scène des héros qui se promènent avec une énorme cuillère en argent calée en bouche. Le patriotisme, le courage, l’abnégation d’un Jack Bauer, c’était bon pour panser les plaies de l’Amérique post 11 septembre (ça tombait bien, la Fox avait débuté la diffusion de 24 heures chrono en novembre 2001). Aujourd’hui, on veut soupirer devant des Rolex sarkoziennes. S’extasier devant des brushings savamment étudiés et des fesses galbées à la perfection sur des power plates. S’émouvoir des histoires de coeur tortueuses de gens qui n’ont pas grand-chose d’autre à penser. On veut se vautrer par procuration dans le luxe derrière son écran. Comme c’est agréable de caresser les marbres des escaliers des Darling de Dirty Sexy Money ! De jouer à la grande vie comme les héros de The Riches, famille Groseille qui s’invite chez les Le Quesnoy. De s’allonger dans les draps monogrammés de l’hôtel particulier de môman comme dans Gossip Girl. De glander avec Hank Moody, le oisif héros de Californication. De faire du lèche-vitrine à Beverly Hills, 90210… Et ce qu’il y a de plus jouissif là-dedans, c’est que les personnages de ces séries sont à peu près 10 fois plus malheureux que nous.

Quand on pense que TF1 compte programmer bientôt son feuilleton quotidien relatant la vie d’une mère de famille plaquée qui doit partir à l’assaut du monde du travail… Quelle vulgarité, ces chaînes françaises.

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