Ils sont produits par Danger Mouse, comparés à MGMT et ont sous leurs bras bronzés de Californiens le tube, This Head I Hold, et la B.O., Mondo, du printemps. Electric Guest et son électro soul pop gentiment psyché s’invitent à La Rotonde.

C’est le genre d’histoire improbable comme on n’en vit que sous le soleil doré de Los Angeles. Cette ville où vous pouvez vous retrouver assis à côté de Courtney Love au resto (on ne fait pourtant pas des gastronomiques…) et agrippé au même comptoir que Keanu Reeves (et on ne se met pas des mines dans les bars du Four Seasons). Dans la cité des anges, Asa Taccone, 30 ans, gueule de minet et voix de fausset, a lui rencontré Brian Burton avant qu’il devienne Danger Mouse et produise Gorillaz, Beck et les Black Keys.

 » J’avais l’habitude d’appeler mon frangin et de lui jouer des trucs au téléphone, explique-t-il au saut du lit, vers midi, pendant South by Southwest où Electric Guest partage la même scène que Jack White. Un jour, il m’a passé un de ses potes musiciens… Un ami rappait sur un de mes titres. Brian m’a dit: « Tu veux un conseil? Ne bosse plus jamais avec lui. » »

Huit ans plus tard, Danger Mouse, mégastar des manettes, tête pensante de Gnarls Barkley et Broken Bells, a produit Mondo (lire la critique page 35). Le premier album d’Asa et de son pote Matthew Compton rencontré dans l’une de ces maisons d’art qui peuplent les faubourgs de Los Angeles et où se côtoient de jeunes musiciens, réalisateurs et autres créateurs en tous genres.  » Je ne sais même pas à qui elle appartient. Quand je suis arrivé en ville, j’ai repris la chambre dans laquelle Brian vivait. C’était à Mount Washington. Pas loin de Silver Lake. Jacob Gentry, qui a réalisé un clip pour Broken Bells, et un mec des Mae Shi ont vécu là pendant un moment. Il y a un studio au sous-sol. Des tas de gens défilent. MF Doom y a même enregistré. »

Pour gagner sa croûte, Asa a produit des petits artistes inconnus au bataillon, des singers songwriters totalement obscurs et des rappeurs indés comme The Gift of Gab (Blackalicious). Il a aussi composé pour la télé. Le dessin animé American Dad. Les sketches humoristiques de son frère et de ses Lonely Island dans le mythique Saturday Night Live. Asa était du délire Dick in a box. Titre sur lequel Justin Timberlake et Andy Samberg offrent leurs pénis emballés à leurs petites amies.  » Notre mère nous avait écrit une lettre: « C’est ça que vous voulez montrer au monde? C’est l’humour d’un gamin de 12 ans. » Mais bon, les paroles étaient de mon frangin. J’avais juste participé à la musique. » Façonné dans des chambres, des caves, l’ancien bureau d’un juge, à l’occasion avec un dictaphone à la place d’un micro ( » ça confère à cet album une vraie idée de l’humeur qui l’a fait naître« ), Mondo parle de grandir en Amérique. Des Etats-Unis et de leur culture. De la solitude à Los Angeles. Les textes sont clairement autobiographiques. Même si la chanson Amber a été écrite pour un certain Andrew.  » Elle a un feeling un peu sexy, ce qui pouvait la faire sonner très gay. Et donc, j’ai remplacé Andrew par Amber. C’est mon seul regret avec ce disque. Parce qu’allez, tout le monde s’en fout non? Pour moi, ce n’est pas du tout une chanson d’amour. C’est l’histoire d’un mec qui doit lutter. Tu vois une lumière en lui. Tu sais qu’il peut changer. »

« Flottants et un peu déglingués »

Tube du printemps, This Head I Hold rappelle les good vibrations du Crazy de Gnarls Barkley (et donc de leur pote Danger Mouse) et Electric Guest peut sonner comme un croisement entre MGMT et Mayer Hawthorne. Le duo a été marqué au fer rouge par les sixties.  » Je ne sais pas si je suis nostalgique des années 60. J’aime la culture de l’époque, les idées qui étaient alors véhiculées. J’espère même qu’elles réémergeront. Mais j’apprécie surtout le son, l’humanité qu’on peut entendre dans ces productions. La musique d’aujourd’hui est beaucoup trop envahissante.  »

A eux deux amateurs de rap, de soul ou encore du label Merge, Asa et Matthew sont aussi fans de Gainsbourg. De sa liberté. De sa propension à jongler avec les genres.  » Tant de musiciens quand ils ont un groupe, un tube, un son se disent qu’ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient et ont peur d’aller voir ailleurs, remarque Compton. Je deviendrais dingue si je savais à quoi m’attendre pour le reste de ma vie. »

 » Ne sois pas un de ces mecs qui ont trouvé un son cool et pensent qu’il peut tenir à lui seul une chanson… » Asa a pris bonne note des conseils avisés de Danger Mouse.  » Tu vois cette citation de Miles Davis: « I’d rather be moved than impressed. » Ben, c’est ça. On est flottants et un peu déglingués, pourquoi le cacher au plus profond de nous et le tenir à l’écart de notre musique? »

– Le 20/05 à la Rotonde.

Texte Julien Broquet

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