Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

C’est de saison: avec l’automne, les CD se ramassent à la pelle. Comme si tous les gros calibres s’étaient donné rendez-vous en même temps. Dès ce vendredi, c’est au tour de Mika de lancer son offensive. Façon blietzkrieg, sa « pop camp » extatique ne faisant pas de quartiers. L’industrie musicale retient son souffle. Avec près de 6 millions d’exemplaires vendus de son premier album, Life In Cartoon Motion, Mika est devenu une top priorité. En fait, le chanteur américano-libanais est l’un des derniers exemples de pop star globale, quelque part entre Freddie Mercury, George Michael et Elton John. Pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs. En 2007, Relax, Take It Easy, Grace Kelly, ou encore Big Girl n’ont pas seulement squatté les hit-parades ou les émissions musicales: elles ont aussi infiltré la salle d’attente du dentiste, le parquet des auto-scooters de la foire du Midi, les trajets de métro, le générique de tel talk-show quotidien… L’overdose n’était pas loin. Terminant sa tournée par un mega concert au Parc des Princes parisien, Mika lui-même a eu chaud. Du coup, courant 2008, il s’est inventé sa propre cellule de dégrisement. Elle prendra la forme d’un EP 4 titres acoustiques: Songs for Sorrow, glissé dans un épais recueil de 68 pages, reproduisant les paroles et surtout les illustrations commandées par Mika à quelques-uns de ses artistes favoris. De David McKee à Walter Van Beirendonck, le créateur anversois… C’était malin. La parenthèse n’a pas seulement permis au chanteur de souffler. Au passage, elle lui a aussi permis de recadrer son image: non, Mika n’est pas qu’un faiseur de tubes bigger than life. Ou s’il l’est, c’est aussi au service d’une certaine vision artistique. Une ambition qu’une partie de la critique n’était pas prête à lui céder, sur foi du premier album. Pas sûre qu’elle le fera davantage avec le nouveau The Boy Who Knew Too Much. Et pourtant…

Mika présente son nouvel opus comme un regard sur l’adolescence – quand Life in Cartoon Motion s’attardait plutôt sur l’enfance. Les couleurs restent cependant les mêmes: bariolées, flashy, pétaradantes. Où sont passées les angoisses, les premières déceptions amoureuses, les questions existentielles qui taraudent? Pas le genre de la maison, ou alors en sous-texte, quand on gratte le vernis. Mais là n’est pas le plus fascinant dans ce deuxième album de Mika. Au printemps dernier, celui-ci avait convié la presse à jeter une première oreille à ses nouvelles chansons. Quelques mois plus tard débarque l’album définitif. Et de constater que la plupart des titres sont reconnus dès la première écoute. Effarant. Faites le test avec un morceau comme Blame It On The Girls: une fois dans l’oreille, il ne la quittera plus. Tout en se laissant une marge de spontanéité, Mika va ainsi au bout de sa démarche flamboyante. Une véritable machine de guerre. Quitte à être dans l’excès et le mauvais goût? Certes. Mais qui a dit que la pop devait être aseptisée?…

Mika, The Boy Who Knew Too Much, Universal.

Laurent Hoebrechts

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