« Culture III »

L’excellent journaliste-critique Raphaël Da Cruz posait récemment la question: et si, à l’instar d’un groupe comme Das EFX, la qualité des albums de Migos était inversement proportionnelle à l’impact que le trio a pu avoir sur le rap (et la pop culture en général)? De fait, au milieu des années 2010, le trio formé par Quavo, Offset et Takeoff popularisait définitivement le courant trap, explosant les codes classiques à coup d’ad-lib, remplaçant la rime qui claque par l’art du gimmick répété à l’infini ( Versace).  » Si la poésie, la chanson comme force de vie universelle, se reconnaît à l’art de changer la tonalité et le sens d’un seul mot de sorte qu’instantanément la parole devient chant, peut-on trouver meilleur exemple que la poétique de Migos« , écrit par exemple l’universitaire Jesse McCarthy, traduit dans le recueil Trap: rap, drogue, argent, survie, paru récemment chez Audimat et Divergences (on en reparle très vite). Cette vista n’a toutefois pas suffi à faire avaler la pilule d’albums parfois très longs -la palme pour les 106 minutes de Culture II. Paraissant trois ans plus tard -une éternité pour des stars comme Migos-, son successeur est heureusement un peu plus resserré et varié en même temps. Il n’évite pas certains plans foireux ( What You See, avec Bieber). Mais se révèle bien plus digeste. Calibré certes, mais inspiré sur des titres comme Vaccine, Picasso (avec Future), Avalanche (samplant le classique des Temptations, Papa Was a Rolling Stone), ou l’exercice drill Light It Up (avec feu Pop Smoke). Voire sensible -qui l’eût cru?- sur Antisocial, avec la voix de Juice Wrld, décédé d’une overdose en 2019.

Migos

Distribué par Top Notch.

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