Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

MIAMI, LA VERSION LA PLUS HUMIDE DU RÊVE AMÉRICAIN, EST CROQUÉE DANS TOUS SES TRAVERS POUR UNE SÉRIE D’ÉPOQUE SOIGNÉE, BIEN QU’UN PEU VAINE.

Magic City – saisons 1 et 2

UNE SÉRIE STARZ CRÉÉE PAR MITCH GLAZER. AVEC JEFFREY DEAN MORGAN, OLGA KURYLENKO, STEVEN STRAIT. DIST: FOX.

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Etre élevé à Miami, ça aide. Ça aide Mitch Glazer, le créateur de Magic City, à repenser la fin des années 50 dans cette cité humide, plantée sur les bas flancs de la Côte américaine, face aux Bahamas et à Cuba. Une cité où le vice s’est insinué partout, y compris sur la plage, au Playa Miramar, hôtel de luxe tenu par Isaac « Ike » Evans en partenariat -plus ou moins forcé- avec le parrain de la mafia locale, Ben « le boucher » Diamond. Les douze coups de 1959 approchent, Frank Sinatra aussi, qui ne chantera que si tout se passe au poil. Ike est inquiet. Un mouvement de grève frappe cet établissement qu’il a quasiment bâti de ses mains. Alors, pour mater –« parle-lui », demande naïvement Ike- les récalcitrants et le représentant syndical qui les dirige, Ike fait appel à son très violent partenaire. C’est le début d’un engrenage dont il tentera vaille que vaille de s’extraire, un engrenage qui implique, en vrac, son play-boy de fils, la femme de Diamond, la révolution cubaine en marche, l’arrivée potentielle des jeux de hasard et bien d’autres noeuds narratifs. Dans le lobby du Miramar se côtoient politiciens, mafieux, flics, espions, révolutionnaires et contre-révolutionnaires cubains, prostituées, personnages réels (Sinatra, JFK, etc.) et fictifs, Ike Evans s’efforçant de garder l’église au milieu d’un village pour le moins corrompu.

Lancée fin mars 2012 sur Starz, chaîne payante à laquelle on doit notamment l’impeccable Boss et l’hilarante Party Down, Magic City n’aura donc connu, comme les séries précitées, que deux saisons. Faute d’audience, Mitch Glazer a dû ranger les machines à écrire, au grand dam d’une fan-base certes peu fournie, mais très convaincue. On pense notamment à la légende James Caan qui, comme on peut le découvrir dans les quelques bonus de ce coffret DVD, a insisté pour qu’on lui écrive un rôle dans la seconde saison -pour l’anecdote, Bruce Willis et Bill Murray apparaîtront également dans le film qui sera prochainement adapté de Magic City. Une série qui, de fait, ne manque pas d’allure. L’allure, essentiellement, de ses personnages bien coiffés, bien habillés (les costumes et les décors sont au poil) et souvent très beaux, lesquels s’adonnent à un sexe AB3 plus à même de nous dévoiler l’avantageuse plastique des actrices principales que de faire avancer une intrigue qui manque paradoxalement de chair. Un peu dépassé par les fils de son dispositif -la révolution cubaine, notamment, traitée façon carton-pâte-, le showrunner Mitch Glazer tente, comme son héros, d’arrondir les angles et de faire au mieux. Si Jeffrey Dean Morgan (vu brièvement dans Weeds) qui, physiquement, est à Javier Bardem ce que Scott Bakula est à Harrison Ford, incarne Ike Evans avec pas mal de charisme et de conviction, Magic City manque de ce supplément d’âme qui fait les grandes intrigues et les grands personnages. Ou en tout cas ceux qui marquent. Dommage. Mais bien essayé.

GUY VERSTRAETEN

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