Mi país imaginario

© National

Le Chili avait retrouvé sa mémoire. L’événement que j’attendais depuis mes luttes étudiantes de 1973 se concrétisait enfin.” Avec Mi país imaginario (Mon pays imaginaire), présenté à Cannes, le documentariste Patricio Guzmán revient sur les événements d’octobre 2019, et la façon dont le peuple chilien est descendu dans la rue pour revendiquer son droit à une vie digne, à vivre plutôt que survivre. Le cinéaste et militant suit avec émotion cette révolte populaire, provoquée par un élément déclencheur: la hausse du prix du ticket de métro. Soudain surgissent dans les stations des farandoles de citoyens qui sautent au-dessus des tourniquets, avec fureur et allégresse. De citoyens, et de citoyennes. Car cette insurrection arbore de nouveaux visages, féminins, que Guzmán va rencontrer et interroger sur les raisons de leur colère. Le vent de la révolte charrie un chant qui gronde dans les rues de Santiago: L’état oppresseur est un macho violeur. Ce vers du collectif Las Tesis, chant féministe révolutionnaire devenu cri de ralliement dans le monde entier via les réseaux sociaux, illustre l’indignation des nombreuses intervenantes que rencontre le cinéaste, quel que soient leurs origines, leur profil ou leur engagement. C’est tout le système néolibéral et patriarcal qu’il s’agit aujourd’hui de brûler. Les flammes qui consument, mais aussi les flammes qui nourrissent. Le système impose l’état d’urgence comme réponse aux revendications, envoyant l’armée dans les rues, la foule laissée à la merci d’une police incontrôlable et incontrôlée. Guzmán dénonce la répression, tout en transmettant l’espoir. Paré du recul de l’Histoire, il parvient à prendre de la hauteur, métaphoriquement comme littéralement, pour montrer la puissance d’un peuple en marche, bien décidé à reprendre son destin en main.

De Patricio Guzmán. 1 h 23. Sortie: 18/01.

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