Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

6e édition pour Truc Troc, le courageux évÉnement qui, le temps d’un week-end, entend tenir l’argent à distance de la création.

Au moment où le marché de l’art a plutôt la queue entre les jambes, on ne peut que se réjouir du fait que Truc Troc rempile pour une nouvelle édition. De l’aveu même des organisateurs, réunir des sponsors autour d’un concept comme celui-là – même s’il cartonne – reste un fameux challenge. Même si l’on a envie de croire galeries et salles de vente quand elles jurent la main sur le c£ur qu’elle est bien finie l’époque où l’on achetait n’importe quoi à n’importe quel prix, l’événement qui se déroule au Bozar est l’un des seuls à faire valoir fraîcheur et innocence dans un univers impitoyable. En permettant à tout un chacun de se creuser les méninges pour troquer tableau, photo, dessin, installation ou sculpture contre un service ou un bien, il met véritablement l’art à portée de main… et surtout d’imagination.

Les puristes et les initiés auraient d’ailleurs tort de regarder cette messe échangiste de haut. Pour cause: quelle autre manifestation artistique peut se targuer de rassembler une telle foule en 2 jours autour de créations tout ce qu’il y a de plus contemporaines? En 2009, 200 artistes et 300 £uvres ont attiré pas moins de 20 000 visiteurs. Plusieurs raisons à cela. La première est sans conteste le fait que Truc Troc se présente comme le panorama unique d’une certaine création. Avec son principe de sélection par un jury compétent, l’événement évite le nivellement par le bas et l’effet peintre du dimanche. On pourra toujours objecter que la vision défendue est partiale. C’est vrai, mais on ne peut nier qu’elle est en phase avec l’époque, et puis rien n’empêche les insatisfaits de mettre sur pied un Croûtes Crades axé sur d’autres critères esthétiques.

La seconde raison tient dans la proximité et la rencontre avec les artistes eux-mêmes. Loin de la froideur des galeries, de leurs listes de prix et de leur accès happy few, Truc Troc met mots et visages sur un travail. La troisième et dernière raison tient au principe même du concept: l’argent n’a pas droit de cité. Même boissons et grignotages sont gratuits. Dans le contexte, c’est comme une bulle d’oxygène. Là aussi, certains pourront objecter que les échanges proposés n’ont rien de contraignant et qu’il est toujours possible pour l’artiste de refuser le troc. Tout juste, mais rien n’empêche de trouver l’idée qui ne se refuse pas…

Truc Troc, Bozar, Circuit Royal, à 1000 Bruxelles.Samedi 16/01 de 19 h à 01 h et dimanche 17/01 de 10 h à 18 h.

www.perrier-tructroc.be

Michel Verlinden

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