Mes bien chères soeurs

Écrite dans une forme de transe poétique pendant la déferlante #metoo, nourrie surtout par des années d’un travail acharné de déconstruction du mythe « mâle-dominant », cette adresse « aux femmes en général, autant qu’à leurs alliés » résonne comme une salutaire incantation. Chloé Delaume y décortique, d’abord, ces visqueux présupposés et ce vocabulaire courant qui hiérarchisent, depuis des siècles, les sexes toujours au détriment de celui qu’on a affublé dès le départ du dégradant qualificatif de « faible ». Et puisque désormais « le patriarcat bande mou », puisque harceleurs ordinaires et Gaulois férus de grivoiseries topless rasent enfin les murs en tamisant la vigueur de leurs offenses et injonctions, l’autrice estime que l’heure est venue de transformer l’essai. Comment? En rangeant au placard le mythe de l’Amazone, de la femme-guerrière isolée -qui fut utile un temps, mais peine à surnager, à l’heure de la « quatrième vague féministe », entre des cohortes de « papatrons » condescendants et « mamatrones » traîtresses à la cause. En lui préférant, plutôt, de manière consciente et politique, la constitution d’une véritable armée soudée, solidaire, de femmes et complices bien décidés à ne plus rien laisser passer. À l’ouvrir, souvent. À se soutenir, toujours, au nom d’un principe puissant: la sororité. Implacable, et convaincante démonstration.

de Chloé Delaume, éditions du Seuil, 122 pages.

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