« O n nous cache tout, on ne nous dit rien« … La chanson de Jacques Dutronc augurait de l’ère du grand soupçon, dans laquelle le cinéma – américain surtout – s’est bien engouffré depuis les années 60 et l’assassinat de John F. Kennedy. Oliver Stone s’est particulièrement illustré dans le genre, avec son thriller enquête JFK mais aussi les accents paranos de certains autres films (dont le saisissant Nixon). Revers peut-être de la super puissance américaine, le film de complots a pris ses galons dans les années 70 avec notamment Capricorn One de Peter Hyams ou The Parallax View d’Alan J. Pakula. Mais c’est un film de 1962, The Manchurian Candidate de John Frankenheimer, qui reste le phare de cette catégorie politico-parano.

Le film « noir », le fantastique et la science-fiction restent cependant les genres les plus favorables à l’émergence de figures ou d’atmosphères paranoïaques. Parce que nombre d’artistes allemands fuyant le nazisme et ayant émigré à Hollywood y apportèrent leur touche, le polar « noir » des années 40 et 50 hérita d’une certaine esthétique expressionniste. Et avec elle d’un climat propice aux atmosphères de parano qu’exacerbèrent encore des scénarios remplis de mystère, de danger permanent, de doute existentiel et de menace sur l’identité. Des films comme The Big Heat de… Fritz Lang, Dark Passage de Delmer Daves ou Night And The City de Jules Dassin cultivent la parano avec autant d’intensité que des films d’auteur reconnus comme Blow up d’Antonioni ou The Conversation de Coppola.

Au c£ur du genre fantastique, combien de films n’ont-ils pas titillé la fibre paranoïaque, avec leurs histoires d’enterrés vivants, de persécution invisible, ou d’invasions de zombies à la manière des formidables Night Of The Living Dead et Zombie, Dawn Of The Dead de George A. Romero? Quant à la science-fiction, il suffit de se rappeler l’hallucinante tension d’ Alien, la peur omniprésente de The Omega Man, ou les récits angoissants de la série télévisée The Twilight Zone, pour savoir à quel point le genre, surtout dans sa composante dite « spéculative », fut régulièrement fécondé par les graines de la parano la moins résistible.

L.D.

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