Material Light Shows

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Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Georges Meurant, 186 rue Washington, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 15/07.

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Une libération et une révélation. Voilà ce qu’est à proprement parler la peinture de Georges Meurant (Etterbeek, 1948). Libération? De son propre aveu, l’artiste -qui a signé plusieurs décors monumentaux de bâtiments construits par l’architecte Philippe Samyn- envisage sa pratique comme un antidote contre le « ressassement de la pensée« . Cet état d’esprit n’a rien d’anodin. L’intéressé s’en explique: « Conçue sans émotion, vide d’intention, ouverte à toutes les projections, ma peinture s’offre en espace d’apparition. » Il n’en faut pas plus pour que cette mécanique huilée à l’instinct -il revendique les arts premiers en guise d’héritage et ne reconnaît aucun emprunt à l’art moderne- se fasse révélation à l’autre bout de la rencontre que constitue une toile. C’est probablement un truisme de l’écrire mais cette oeuvre redoutablement chromatique n’a pas son pareil pour distinguer qui regarde une toile et qui se contente de la voir. À l’observer superficiellement, on en reste à une sorte de pixellisation picturale, voire à ces « erreurs codec » qu’un Barry van der Rijt a transformées en oeuvres. Une telle approche est une fausse route, un chemin qui ne mène nulle part. Non, pour en mesurer toute l’ampleur, il faut du temps: s’approcher et s’éloigner sans cesse. De près, on remarque les imperfections, les coulures et surtout le fait que la géométrie n’a pas grand-chose à voir avec les compositions. De loin, ce sont les agrégations-désagrégations qui marquent. Sans point précis où s’accrocher, l’oeil se meut dans le tableau en créant des concrétions qui bougent sans cesse. Des milliers de tableaux dans un tableau. Cette approche a marqué un théoricien de l’art comme Jean Guiraud qui, à propos du travail de Meurant, parle « d’induction figurale« . Aussi tentante que soit la conceptualisation, elle reste en deçà de l’oeuvre. En lui consacrant une salle entière, à travers une succession de moyens et grands formats, Aeroplastics met en lumière un peintre à la fois « imprévisible et inépuisable« , comme l’a formulé Guiraud de manière indépassable.

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Michel Verlinden

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