» Pardonne-moi, s’il te plaît, ces deux versants de ma personne; cela reste une source de confusion que d’être à la fois une morte oubliée et une survivante omnisciente. » Voilà comment s’adresse à Hagar Peeters ce personnage singulier qui lui a tendu la main pour qu’enfin on raconte son histoire, la vie en creux d’une petite hydrocéphale disparue à l’âge de huit ans. Malva Marina Trinidad del Carmen Reyes, en voilà un patronyme ronflant pour cette enfant unique que son géniteur, Pablo Neruda, abandonna à l’âge de deux ans et jugea accessoire de mentionner dans ses mémoires. Autrice et héroïne enfin en lumière font état d’une même filiation à distance vécue douloureusement. Comment accepter que votre père -prince des poètes ou journaliste en Amérique latine- soit sollicité par tous et admiré par chacun mais n’amerrisse jamais sur votre rivage? La fille de Joyce, jugée schizophrène, Oskar du Tambour de Günter Grass et d’autres laissés-pour-compte leur tiennent compagnie, en club des esseulés du réfectoire. Pour son premier roman, la poétesse amstellodamoise rend volubile Malva, la dote d’une langue coruscante et cinglante, capable enfin de donner à lire tous les revers de la médaille dorée du Chilien de légende.

D’Hagar Peeters, éditions Actes Sud, traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Sandrine Maufroy et Philippe Noble, 272 pages.

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