Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

21.55 LA TROIS

UNE SÉRIE AMC, CRÉÉE PAR MATTHEW WEINER. AVEC JON HAMM, ELISABETH MOSS, CHRISTINA HENDRICKS.

On connaît enfin la date de lancement de la 5e saison de Mad Men, volet qui a mis le temps, à la production chahutée par des histoires d’argent (du côté des décideurs, on voulait économiser, du côté de la tête pensante du show, on ne voulait surtout ne rien toucher du tout). Pour patienter jusque-là (la série a quand même été mise en stand-by pendant un an et demi), quelques petites infos ont été distillées au compte-gouttes, ces dernières semaines. Parmi elles, la certitude que la plus brillante saga télévisée contemporaine déploiera son intrigue jusqu’à nos jours, et l’accueil de Paul McCartney dans la B.O. très classieuse des aventures des publicitaires de Madison avenue. Enfin, le bonheur de se (re)plonger dans les boires (et fumer) et déboires de la 4e saison de Mad Men en V.O. dès ce soir sur La Trois (la VF, incomparablement moins savoureuse, prend place le dimanche sur La Deux). Car le malheur des uns (Don Draper qui sombre dans la solitude et l’alcool) fait l’immense plaisir des autres -nous, assidus de cette pépite télévisuelle pas si poseuse qu’elle en a l’air. Mais c’est vrai qu’il faut du temps pour apprécier Mad Men, qui se dérobe aux téléspectateurs trop pressés. Tellement de temps que lorsque sa première saison avait été diffusée à la RTBF, il y a quelques années, elle était passée à peu près inaperçue. Aujourd’hui culte, Mad Men peut tirer vers le haut l’image de l’audiovisuel public, souvent taxé de jouer dans la cour du privé à coup de divertissements bas de plafond. Des personnages fascinants joués par des comédiens d’une intelligence rare, portés par des images léchées et une resconstitution tirée au cordeau des sixties: cette série-là, c’est du cinéma pour la télévision. Avec ce que ça peut avoir d’exigeant. Mad Men ne prend effectivement pas le téléspectateur par la main, ne lui dit pas ce qu’il doit comprendre, et ne propose aucune morale, aucun message. Juste une plongée dans un pan de l’Histoire plus complexe qu’il n’y paraît (il est désormais clair que le bon vieux temps n’était en réalité pas si bon), à travers les tribulations de marchands de bonheur particulièrement malheureux. Une £uvre indispensable qui se fait l’écho des errements sociétaux d’hier et d’aujourd’hui avec une rare acuité.

MYRIAM LEROY

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