GALAXIES, PLANÈTES ET ÉCOSYSTÈMES SE FORMENT AU HASARD D’UN ALGORITHME SUR NO MAN’S SKY, INCROYABLE JEU-MONDE QUI PEINE HÉLAS À DONNER SENS À SON GAMEPLAY.

No Man’s Sky

ÉDITÉ PAR SONY INTERACTIVE ENTERTAINMENT ET DÉVELOPPÉ PAR HELLO GAMES, ÂGE: 7+, DISPONIBLE SUR PC ET PLAYSTATION 4.

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« Ce qui s’éloigne du cours ordinaire des choses; ce qui est miraculeux, surnaturel.« Le « merveilleux », tel que défini par le Larousse, a perdu sa place dans le jeu vidéo. Vecteur de voyages extraordinaires dans les années 80 et 90, le médium privilégie aujourd’hui la force brute, les explosions putassières. Overwatch, The Division et autre Homefront: The Revolution oublient ainsi le sens de la découverte et l’émerveillement des mondes d’Another World, de L’Arche du Captain Blood ou d’Outcast. Monté par des anciens d’Electronic Arts et de Criterion (Burnout), No Man’s Sky remet cette valeur oubliée du gaming triple A au centre des débats.

Avec ses 18 trillions (et quelques poussières) de planètes créées aléatoirement, le titre britannique s’impose d’abord comme une formidable machine à générer des panoramas spectaculaires, différents pour chaque joueur. Cette production qui oscille entre exploration, aventure, gestion de ressources et combats emprunte d’ailleurs avec talent aux classiques de la SF. Tutoyer des nuages de météorites qui dansent sur une nébuleuse tapissée de boucles d’or, sur fond bleu azur. Flirter avec un cargo et une station spatiale pyramidale. Et, finalement, atterrir sur les bords gelés d’un canyon dantesque grouillant de vie. De l’espace aux planètes que l’on foule à la première personne, la contemplation placide de 2001: l’odyssée de l’espace et les illustrations de Chris Foss planent.

Forçat des étoiles

Enluminé par le post-rock de 65daysofstatic, No Man’s Sky tend ses ressorts ludiques au fil d’une quête perpétuelle de ressources. Des forêts tropicales rose fuchsia à des plaines volcaniques tachetées de mille couleurs florales, le gamer bosse sans cesse, un extracteur laser à la main. Silicium, fer, proton, carbone et zinc se collectent pour maintenir à flot les éléments vitaux de sa combinaison spatiale et de son vaisseau. Ces matières premières que l’on dénichera plus ou moins facilement (via un scanner limité) ouvrent également les portes de nouvelles technologies.

Tuner son aéronef pour accéder à des sauts subluminiques permet ainsi de toucher au but de No Man’s Sky: percer le centre de la galaxie. Dommage toutefois qu’en route, le pilotage des (très) nombreux aéronefs soit trop assisté. Sur la surface des planètes, il est ainsi impossible de jouer avec l’assiette pour canarder en vol des drones de combat dont on a du mal à se débarrasser à pied. N’est pas GTA qui veut. Le titre s’enlise aussi en dogfight spatial, loin du raffinement d’un TIE Fighter. A pied, en mode FPS, le constat n’est pas meilleur. Côté commerce, les rencontres extraterrestres dans des stations orbitales ou des caissons de survie sur des planètes ne volent pas plus haut, tout comme le pseudo choc des civilisations maladroitement brandi. Il y a trois ans, Hello Games se jouait avec talent de la gravité sur Joe Danger, remake du mythique Excite Bike sur NES. Aujourd’hui, il défie plus encore les lois de l’apesanteur. A trop s’approcher du soleil…

MICHI-HIRO TAMAÏ

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