Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

14.00 TV5MONDE

Applaudissements. Sur scène, un spectacle se termine. Ses protagonistes saluent, et rendent hommage à l’auteur de la pièce. Lequel, subitement éclairé par le projecteur, laisse entrevoir un profond ennui. Edouard Baer joue Luigi Prizzoti, son double théâtral, chefaillon plutôt minable qui maltraite sa troupe. C’est lors d’un de ses coups de sang que déboule en coulisses un grand type un peu bizarre, qui vient de la part d’un autre, qui va s’avérer tout aussi étrange: Mister Castang, éminent producteur de cinéma. Lequel veut de Luigi pour un futur blockbuster, Tout pète à Bagdad, qui comme son nom l’indique, fera juste pan pan durant deux heures. Prizotti, qui a les dents qui rayent le parquet, part donc pour Hollywood, des rêves de villas-piscines plein la tête.

Seulement voilà, il rencontre une belle jeune femme, l’embarque avec lui, et l’attache à un hélicoptère de fortune qui coupera la tête du héros avec ses pales. Difficile, dès lors, de prétendre à un premier rôle avec un cou à vif. Voilà le prologue de ce spectacle de deux heures et des poussières, sorte d’Edouard Comedy Club à la sauce music hall, un périple exotique, dansé et chanté dans des décors sophistiqués. Deux heures où l’on s’amuse, certes, mais où l’on baille aussi souvent, tant les tableaux proposés par les disciples d’Edouard Baer sont inégaux, tant ils tirent sur la longueur des concepts qui font sourire trois secondes par leur absurdité mais qui ennuient prodigieusement après cinq minutes quand ils sont devenus usés jusqu’à la corde. Et qui, parfois, font furieusement penser à ce que fait l’anti-Edouard Baer par excellence sur France 2: Patrick Sébastien et son Plus grand cabaret du monde. Ouch.

BOBOïSANT

Reste Edouard Baer, qui fait du Baer. Flamboyant, séduisant, toujours pertinent, le dandy chic qui butine les fleurs du ciné (on l’a vu récemment dans Les Barons), du spectacle (Il se produit actuellement avec Miam Miam) et de la télévision est fidèle à ce qu’il fait le mieux: le bobo. Icône des bourgeois-bohèmes de Paris et d’ailleurs, il les fait rire en leur parlant d’eux, de leurs travers ethnocentriques, de leurs petites £illères et de leurs grandes exaltations. Baer ne se réinvente pas et semble refaire sans cesse la fameuse scène d’Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre, où il dit merci à la vie, où il chante la vie et il la danse et où il n’est qu’amour. Et si ce n’est pas très original, ce n’est pas grave non plus: il enc… les mouches avec un tel panache que c’en est un plaisir de chaque instant. l

Myriam Leroy

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