Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

22.00 LA UNE

DE MANU BONMARIAGE.La patte Bonmariage ? « Ne pas toucher les choses de manière superficielle, mais atteindre l’âme, dans sa complexité. Gratter le vernis. Ce n’est pas l’indiscret qui m’intéresse, mais le vrai langage. Franco n’a pas pu résister à chaque fois. Mais pour ça, il faut du temps… «  Trois mois, en fait, si on met bout à bout toutes les heures que le cinéaste a passées avec l’enfant de La Louvière, aux quatre coins du globe. Trois mois sur une période d’un an, pendant laquelle Franco Dragone a monté Othello pour le théâtre Le Manège à Mons, entre deux voyages à Macao et Las Vegas – ici pour suivre l’évolution du chantier titanesque d’une salle de spectacle, là pour les adieux de Céline Dion au public qui l’a applaudie durant cinq ans au Caesars Palace dans une mise en scène signée Dragone.

SANS STRESS?

Franco, c’est l’ami de Di Rupo, qui parle de lui comme d’ « un homme de grande intelligence, qui, peut-être plus que d’autres, a réussi à amener à la culture le grand public. «  C’est aussi le copain de Manu Bonmariage, admiratif de « la manière dont le bonhomme est capable de résister à beaucoup d’ouragans, et de le faire avec une certaine simplicité. «  Des ouragans, le directeur artistique du groupe qui porte son nom, il en a connus, lors de la mise sur pieds d’ Othello. C’est ce chemin semé d’embûches entre une idée et sa concrétisation qui est le fil rouge de ce documentaire magnifique (ce qui lui confère une dimension universelle) produit pour la série Hoge Boomen de la chaîne Canvas (« sur des personnages grands comme des arbres, ramassant beaucoup de vent, secoués par les événements », précise celui qui fut l’un des pères fondateurs de Strip-Tease). On y voit Dragone, qui a l’habitude de se frotter à des productions internationales pharaoniques, s’impliquer dans un « petit » spectacle belgo-belge. « Il voulait se faire plaisir en faisant Othello. Sans stress! », explique sa compagne. Pour le coup, c’est raté: confronté à une série de problèmes, en particulier à la résistance de comédiens rejetant peu à peu le projet de Franco, il entre dans des colères noires, et se détend à coup de « Nom de dieu de merde, putain de bordel! » Sanguin, celui qui semble n’avoir de limite que ses rêves. Emporté, pressé. Mais aussi humain et – faut-il encore le dire – impressionnant de talent. Le géant craignait un peu de découvrir le film. Il avait demandé un visionnement avant diffusion: « Si c’est mauvais, on se saoûle toute la nuit », avait-il promis à Bonmariage. Mauvais pour lui, s’entend. Il n’a réclamé aucune rectification, « Mais on quand même fait le tour des restos italiens de La Louvière ce soir-là! »

Myriam Leroy

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