RALPH FIENNES INTÈGRE L’UNIVERS DE WES ANDERSON AVEC PANACHE SOUS LES TRAITS DU CONCIERGE « BIGGER THAN LIFE » DU GRAND BUDAPEST HOTEL…

Wes Anderson raconte avoir écrit le rôle pour Ralph Fiennes. Et l’on voit mal, à l’autopsie, qui, si ce n’est le comédien britannique, aurait pu incarner, tout en panache distancié, Monsieur Gustave, le concierge raffiné et zélé prodiguant ses services aux clients (et plus encore aux clientes d’un âge respectable) du Grand Budapest Hotel. A croire, d’ailleurs, qu’il était taillé pour l’emploi, lui qui confie avoir travaillé quelques mois dans un palace londonien, son père entendant qu’il participe aux frais de la maison familiale alors que, âgé d’une vingtaine d’années, il n’était encore qu’aspirant-acteur: « J’avais donc besoin d’argent, et j’ai été portier pendant six mois au Brown’s Hotel, au début des années 80. Gustave ressemble plus à un manager, mais le concierge en chef avait un sens aiguisé de la hiérarchie… », sourit-il dans sa barbe, entretenue pour un rôle futur.

De Gustave H à M

Comédien d’une appréciable polyvalence, le Voldemort de la saga Harry Potter n’avait eu que rarement l’occasion de se frotter à la comédie: « On ne m’avait jamais rien proposé de semblable, opine-t-il. Et pour un acteur, il n’y a rien de tel que de sortir de sa zone de confort. » A fortiori, à l’invitation d’un cinéaste comme Wes Anderson. « C’est le réalisateur le plus préparé avec qui il m’ait été donné de travailler. Mais s’il a un sens très aigu du film qu’il est en train de tourner, il veut aussi que les acteurs laissent libre cours à leur imagination et à leur inventivité. » Et de ciseler la matière à sa main, en un travail d’orfèvre passant, entre autres, par un nombre de prises conséquent: « C’était nécessaire, afin d’obtenir le ton approprié, observe encore Ralph Fiennes, visiblement séduit par le processus. Wes aime tourner, pousser ses comédiens, voir ce qui pourrait sortir des prises, et le surprendre. Il a construit un style très délicat de comédie, pour lequel il a besoin d’un échantillon de prises susceptibles de fonctionner. »

Réalisateur, avec Coriolanus, d’une adaptation de Shakespeare en prise plus sérieuse sur l’Histoire, Fiennes a su apprécier l’approche légère privilégiée par un Wes Anderson en mode « Lubitsch ». « Il y a différents moyens d’envisager l’Histoire au cinéma, et la comédie en est un bon. Le rire est quelque chose de puissant, qui peut nous aider à comprendre les choses, surtout si elles résonnent avec notre époque… », observe encore celui qui, décidément éclectique, rempilera prochainement dans le rôle de M, pour le 24e épisode de la saga James Bond. Soit, là encore, une tranche d’Histoire, fût-ce celle du Septième art: « Participer à une franchise à ce point définie, et tenter de donner une tonalité différente à un rôle établi dans la conscience des gens constituait un défi », soupèse-t-il. En quoi l’affectif a sans doute joué un rôle: « Adolescent, j’étais obsédé par Bond. J’avais l’Aston Martin miniature avec le siège éjectable, et je connaissais les romans de A à Z. » Ou plutôt de M à Q…

J.F. PL.

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