Liquéfaction

Comme son nom l’indique, Liquéfaction consiste en une tentative d’épuisement du sujet de notre rapport à l’eau, aux liquides, voire à la corrosion, à travers un conte philosophique d’apparence absurde, entrecoupé d’extraits de tout ce que la littérature a pu produire sur le sujet. Dans la première partie, Baptiste est plongé dans son bain, traversé de réflexions sur cette position bien particulière, convoquant Marat, la tectonique des plaques, la peinture ou le cinéma pour appuyer la courbe vagabonde de sa méditation. Des parties du corps que l’eau du bain sépare en deux camps -l’immergé, l’émergé, la tête, le cul-, laquelle survivrait le plus longtemps dans un monde à la dérive? Considérations légitimes quand une crue du fleuve local -l’imaginaire Rheuse- vient engloutir la maison et envoyer le bonhomme et son contenant, le paresseux et sa monture d’émail, suivre le cours furieux des eaux troubles. Dès lors, cette nouvelle version du Baron Perché d’Italo Calvino accomplit dans son improbable embarcation une Odyssée aussi dingue qu’édifiante, avec pour objectif final la ville de Calaigues sur la Manche française. Nouvelle Ithaque, où poireautent fils et femme, angoissés par la montée générale des eaux et les rares nouvelles émises par un sauveur décidé à traverser le continent vautré dans une coque ornée de pattes… Sous forme de farce, le Suisse Alain Freudiger décrit un monde abandonné à la pollution et à l’inconséquence, où les berges désormais peuplées de fous furieux et d’ermites survivalistes disparaissent sous les assaut des crues et des pluies. Quel espoir, quel Eldorado? Le septième continent peut-être, celui de plastique et de déchets?

d’Alain Freudiger, ÉDITIONS Hélice Hélas, 264 pages.

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