Liège-bruxelles

L'Archiduc, à Bruxelles.

« À Liège, mon dernier domicile était un petit manoir derrière la gare des Guillemins. Pendant des années, mon salon était mon studio: si tu voulais t’y asseoir, il fallait utiliser le siège de batterie et poser ton verre sur le tom. J’ai vécu dans cet univers-là et travaillé sans horaire, levé tôt ou tard, sans rythme obligatoire, ce qui rend sans doute ma musique hybride. Et puis il y a un peu moins de trois ans, ma copine bruxelloise était sur le point d’accoucher et je n’avais ni envie qu’elle se retrouve seule, ni de faire des allers-retours pour voir ma fille, Mila Lu, à Bruxelles. » Sacha emménage en famille dans la capitale et, pour la première fois, quitte la matrice liégeoise pour vivre ailleurs. D’abord dans un « appart pourri à Schaerbeek », puis dans une trois façades plus hospitalière d’un coin d’Evere: « Quand je suis à Bruxelles, je rêve de Liège, quand je suis à Saragosse, je rêve de Madrid et quand je suis en Casamance, je rêve du Bénin (sourire). Je vis un combat intérieur permanent. Mais je suis aussi parti de Liège parce que dès que j’arrivais quelque part, c’était « Sacha! » et des verres et des invitations. Cela devenait un peu difficile de vivre dans ce petit milieu où tout le monde se jauge et se juge. Axelle Red fait de la variété, et alors? J’avais besoin de ne plus ressentir cette sorte de chape, même si elle commence à s’amoindrir au fil des années. Liège est un bouillon de culture qui possède une identité, héritée d’une forme de désillusion sociale due à la fermeture des usines. Ce marasme est nettoyé par la scène musicale, les Dan San, Hollywood Porn Stars, Zop Hopop, qui présentent une véritable musique alternative, dans le sens du courant. À Bruxelles, les rapports humains sont différents: quand je rentre dans un commerce et que je dis « Haut les mains », je ne déride pas les gens (rires). Ici, la phase d’observation est plus longue, ce qui peut expliquer que je ne sors pas beaucoup, que je réfléchis, que je travaille… Je me souviens qu’à son soixantième anniversaire, Dylan avait dit qu’il n’avait toujours pas réussi à faire le morceau qu’il avait en tête: je crois avoir compris ce qu’il voulait dire par là, le fait d’être un cueilleur, un vigneron de la musique. »

Sacha à Liège: « J’adore La Casa Ponton où le public change selon l’heure, comme la musique. Lieu hétéroclite et toujours plein. J’aime aussi Amour Maracas et Salami et sa cuisine traditionnelle familiale, un endroit qui a aidé à ma rééducation via la poésie, la musique classique, la chanson française. On y est reçu à bras ouverts et on peut y refaire le monde. Il y a aussi L’An Vert en Outremeuse, lieu de répétitions, de rencontres et d’expos. C’est bricolé avec les moyens du bord. Abordable et démocratique, c’est l’optique. »

Sacha à Bruxelles: « Pour finir les soirées, j’aime beaucoup L’Archiduc, toujours classe et accueillant. J’aime aussi le Walvis, juste au bord du canal, pour l’ambiance, l’espace et les offres de la brasserie. J’adore les Musées Royaux des Beaux-Arts et la place du Sablon est super belle. Et puis la place du Jeu de Balle avec tout le folklore bruxellois du marché aux puces et dans les cafés qui la bordent, les vieux à grosse moustache à toute heure de la journée… »

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