LE CHEF-D’oeUVRE PALMÉ DE KECHICHE SORT DANS UNE ÉDITION BLU-RAY AUGMENTÉE D’ENTRETIENS CROISÉS D’ADÈLE EXARCHOPOULOS ET DU RÉALISATEUR ÉCLAIRANT SA MÉTHODE.

La Vie d’Adèle – chapitres 1 et 2

DE ABDELLATIF KECHICHE. AVEC ADÈLE EXARCHOPOULOS, LÉA SEYDOUX, JÉRÉMIE LAHEURTE. 3 H. DIST: TWIN PICS.

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« Adèle, dès que je l’ai rencontrée, j’ai eu comme pour Sara Forestier ou Hafsia Herzi ou Sabrina Ouazani, un véritable coup de foudre. J’avais le sentiment d’un diamant brut qui allait crever l’écran. » L’intuition d’Abdellatif Kechiche a fait mieux que se vérifier, et à revoir, aujourd’hui, Adèle Exarchopoulos dans La Vie d’Adèle à la faveur de la sortie du film en édition Blu-ray, on a d’abord l’impression d’assister à la naissance d’une actrice -un peu comme, en son temps, la Sandrine Bonnaire de A nos amours.

Librement inspiré de la bande dessinée Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, le film retrace une passion amoureuse, celle qui unit Adèle, une lycéenne de quinze ans, et Emma (Léa Seydoux), jeune femme aux cheveux bleus de quelques années son aînée, à peine leurs regards se sont-ils croisés furtivement. Et leur vie de basculer dans la foulée, sous l’effet d’une attraction irrésistible qui tiendra, dans le chef d’Adèle, de la révélation en même temps que de l’éveil au désir, pour se jeter à corps perdu dans l’aventure de l’existence.

Alors certes, on a beaucoup glosé sur les scènes d’amour qui cadencent le film, et plus encore sur la polémique stérile qui a suivi sa présentation à Cannes. Se replonger dans La Vie d’Adèle, c’est avant tout se laisser emporter par une fulgurante histoire d’amour à laquelle le réalisateur et son formidable duo d’actrices -tous trois associés dans la Palme d’Or octroyée au film par Steven Spielberg- ont su donner un souffle et une intensité rarement atteints à l’écran: physique, le cinéma d’Abdellatif Kechiche ressemble à un tourbillon, où émotion et sensualité affleurent de chaque scène. Au passage, le cinéaste retrouve certaines de ses thématiques, le conditionnement social, qui pèsera sur leur passion notamment. Mais plus que tout, il réussit ici à capter la pulsion des sentiments dans ce qu’elle a de simple et d’irrésistible à la fois, en un mouvement touché par la grâce, et transcendé par deux comédiennes en osmose parfaite. Soit, pour le coup, l’âme et la chair dont l’on fait les chefs-d’oeuvre.

Dans l’instinct et dans l’instant

Outre une poignée de scènes coupées dispensables, les compléments proposent de passionnants entretiens croisés du réalisateur et d’Adèle Exarchopoulos. L’occasion de découvrir plus avant la méthode d’un cinéaste, dont sa comédienne explique qu’il voulait qu' »on soit dans l’instinct et dans l’instant. » Parmi d’autres considérations, Kechiche raconte pour sa part avoir longtemps envisagé de donner une fin plus tragique à l’histoire, épousant en cela celle choisie par Julie Maroh dans sa bande dessinée. Il n’en fut finalement rien, la conclusion imaginée par le cinéaste nous laissant, qui sait, sur la perspective enivrante de nouveaux chapitres apportés à l’histoire d’Adèle…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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