« Je n’ai jamais rien vu de comparable à 2001, et je n’ai jamais compris pourquoi les films de science-fiction des années 70 semblaient à ce point dénués d’ambition, comparés à celui de Kubrick. Des cinéastes comme Steven Spielberg ou Ridley Scott ont fait beaucoup pour ranimer le genre. Mais je continue à penser que rien n’est à la hauteur de l’audace et de l’originalité de 2001. Il est très rare que des visions du futur, au cinéma, restent crédibles si longtemps. Il est frappant de constater que les prophéties de 2001 semblent toujours tournées vers l’avenir, au moment où nous approchons, précisément, de l’an 2001. » Empruntées à 2001, Le Futur selon Kubrick (1), les réflexions de Piers Bizony traduisent limpidement l’impact qu’a pu avoir le film de Stanley Kubrick lors de sa sortie, pour ne jamais se démentir par la suite. Il y a sans conteste un avant et un après 2001, en effet, le film ayant propulsé la science-fiction dans l’âge adulte, aussi sûrement qu’une ellipse sidérante y transformait un os-outil en satellite.

Trip cosmique vers l’infini

« Insurpassable », suivant l’expression de Ridley Scott, l’oeuvre de Kubrick est devenue dans la foulée une référence définitive, générant une descendance nombreuse. On ne compte plus les films s’en étant inspirés, héritage dépassant d’ailleurs le seul cadre de la SF, le cinéma, tous genres confondus, ayant multiplié les citations et hommages à L’Odyssée de l’espace: en veine satirique dans History of the World, Part I, de Mel Brooks; hilarante dans Charlie and the Chocolate Factory, de Tim Burton, où le monolithe se transforme en barre de chocolat; mimétique et animée dans Wall-E, d’Andrew Stanton, où l’ordinateur Auto évoque Hal; inattendue dans Saturday Night Fever, où la discothèque que fréquente Tony Manero s’appelle le 2001 Odyssey, et l’on en passe. Pour autant, c’est naturellement la science-fiction qui s’est le plus nourrie de l’odyssée de Kubrick, discrètement citée par George Lucas dans Star Wars, et plus ouvertement par Danny Boyle dans Sunshine, comme par Duncan Jones dans Moon ou Joseph Kosinski dans TRON: Legacy. La richesse du film -qu’elle soit esthétique, narrative ou philosophique- en fait, il est vrai, un filon pratiquement inépuisable. A cet égard, ce n’est pas faire injure à leurs réalisateurs respectifs, Jonathan Glazer et Alfonso Cuaron, de constater que deux des films les plus fascinants et intrigants des derniers mois, Under the Skin et Gravity, doivent beaucoup, sinon plus encore pour le second, à 2001, trip cosmique vers l’infini, et au-delà…

(1) ÉDITIONS DES CAHIERS DU CINÉMA, 2000.

J.F. PL.

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