Les Panthères grises

de Patrick Eudeline, ÉDITIONS de La Martinière, 174 pages.

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Pour passer au crible une génération vieillissante d’anciens artistes, marginaux splendides ou enragés, Virginie Despentes a son Vernon Subutex. Avec LesPanthères grises, Patrick Eudeline s’est engagé sur un chemin comparable, structurant son récit sur les aventures croisées dans un Paris souffreteux de Guy, Patrick et Nadire, anciens musicien, gauchiste et truand tentant vainement de se remettre en selle après de longues années d’encroûtement. Las, une aigreur permanente, quasiment palpable, teinte les propos des uns et des autres, du passéiste Guy, toujours prêt à dénoncer l’apathie des plus jeunes générations –« Qu’est-ce qu’il nous reste, alors? (…) Le passé. Le célébrer, le revivre, le comprendre. (…) Maintenant, le choix, le choix unique, c’est compiler tout ça, le mettre en ordre ou respirer la merde d’aujourd’hui »– au tristoune activiste errant, qui sent à quel point il est désormais largué: « Oui, tout cela excitait Patrick, le réveillait quelque peu de sa somnolence. Hélas! Cela se faisait sans lui, et Patrick regrettait -ô combien!- de ne pas être de la fête. » Seule l’épique dernier coup d’éclat de Nadire & compères, calqué sur le braquage nocturne de Kim Kardashian, parvient à réjouir, quand le reste des propos et considérations empèse un récit déjà plombant.

F.P.

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