BéDéRAPEUTHIQUES – On connaissait la médecine chinoise, qui soigne les déséquilibres énergétiques par les plantes, etc. Nouvelle tendance: la Corée veut vous guérir avec ses manhwas!

(1) par Kim Dong-hwa, chez Casterman. – (2) par Kim Hong-mo, chez Kana/Dargaud.)

Soigner par les feuilles de thé, c’est bien; soigner par les feuilles de BD, c’est tout aussi bien! Voici la philosophie qui anime deux dessinateurs de manhwas, qui publient coup sur coup deux £uvres « thérapeutiques » chez nous.

Dans Les Nourritures de l’âme, Kim Dong-hwa illustre des lettres. Celles envoyées par les lecteurs du magazine Bonnes pensées, et qui ont valu à leurs auteurs de remporter le prix de la Belle Histoire. Dans l’exergue à l’ouvrage, la rédaction de ce mensuel expose son message:  » Nous avons eu envie de faire partager au plus grand nombre ces histoires qui font chaud au c£ur. Elles ont en plus le don de purifier l’âme et de guérir les blessures du c£ur. »

Suivent 20 micro-nouvelles imprégnées de nostalgie, de sensibilité. L’éventail des sentiments se déploie entre La Main de papa, cette main blessée qui signe l’attachement du père pour sa petite fille malade, et ce Jeune médecin qui laisse sa chambre pour mieux guérir un garçon. L’enfance et la vieillesse sont au centre des récits. La première, frappée par la pauvreté et les désirs forcément inassouvis. La seconde, liée à la mort, ne laissant que peine dans le c£ur des vivants.

Kim Dong-hwa adopte un trait fin, des couleurs très soutenues, avec un côté enfantin qui n’est pas sans rappeler Kang Do-Young et son Idiot, en un peu plus détaillé. Les discours intérieurs règnent tout naturellement sur ces Nourritures de l’âme. Un atout apporté par le style épistolaire de la matière première.

Le titre de La Vie des gosses annonce la couleur: il ne sera ici question que de « galopineries » d’une jeunesse coréenne marquée par un pays scindé. Là aussi, l’auteur, Kim Hong-mo, a un but:  » Je souhaite qu’on trouve cette BD aussi bien sur l’étagère d’une bibliothèque, apportant paix et repos aux gens des villes, que dans les cartables d’étudiants résidant à la campagne. J’aimerais sincèrement que ma BD apporte douceur et chaleur dans vos c£urs. »

Le trait est ici beaucoup plus gras que dans les Nourritures de l’âme. Kim Hong-mo s’attache visiblement à la force burlesque de l’enfance, son mélange de fragilité et de cruauté. Et c’est toute la vie quotidienne d’un petit garçon coréen qui s’exprime ici, un prisme traversé par la politique, la misère, l’amour de la bande dessinée, la peur de se faire prendre en chapardant des châtaignes. Avec ce petit quelque chose qui, comme pour toute £uvre admirable, rend le propos totalement universel.

VINCENT DEGREZ

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