Les Jango

Qu’est-ce qui nous parvient de la littérature soudanaise? Bien peu (hormis Tayeb Salih) mais quand un gouvernement pratique plus volontiers la censure que l’aide à l’édition, comment s’étonner? C’est donc porteur de l’étiquette  » interdit dans son pays » que nous parvient ce roman d’Abdelaziz Baraka Sakin l’audacieux (remarqué pour Le Messie du Darfour et exilé en Autriche). Nous entrons dans le microcosme des Jango -saisonniers itinérants,  » sages à la saison sèche, et fous à la saison des pluies« – par le chas du récit -qui, nomade comme ses protagonistes, sautille d’un interlocuteur à l’autre et n’hésite pas à provoquer des queues de poissons- et l’intermédiaire de deux inactifs venus étudier ce mode de vie sur le terrain. De Wad Amouna élevé dans une prison de femmes (où sa mère a été incarcérée pour distillation de bière) à l’énigmatique Safia, tous contribuent à rendre piquante cette comédie de moeurs où discussions sur le sexe et le genre font partie d’un lot savoureux. Derrière le rire et la fumée de chicha poussent cependant quelques graines d’insurrection: que faire à part entrer en rébellion, façon David contre Goliath, quand on menace de mécaniser votre travail des champs?

D’Abdelaziz Baraka Sakin, éditions Zulma, traduit de l’arabe (Soudan) par Xavier Luffin, 352 pages.

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