UN COFFRET RÉUNIT LES QUATRE LONGS MÉTRAGES RÉALISÉS EN UN PEU PLUS DE 20 ANS PAR BENOÎT LAMY, FIGURE ATYPIQUE DU CINÉMA BELGE. QUE DU BONHEUR…

Benoît Lamy

HOME SWEET HOME, JAMBON D’ARDENNE, LA VIE EST BELLE, COMBAT DE FAUVES. UN COFFRET 3 DVD. DIST: TWIN PICS.

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Tragiquement disparu en 2008, Benoît Lamy demeure l’une des figures les plus singulières du cinéma belge; l’auteur, en un peu plus de 20 ans, de quatre longs métrages portés par une onde de liberté enivrante, et réunis aujourd’hui dans un indispensable coffret. Premier d’entre eux, Home Sweet Home (1973) reste ainsi, à plus de 40 ans de distance, un monument d’irrévérence et de drôlerie. Lamy y posait sa caméra dans un home de la région bruxelloise, tenu d’une main de fer par une directrice qui va toutefois perdre pied lorsque Jules, l’un des pensionnaires et une forte tête, entreprendra d’y semer le vent de la révolte. La suite est inénarrable, et conjugue, dans un élan irrésistible, fibre anarchiste, humour décoiffant et esprit bon enfant. Non sans apporter la démonstration que la contestation n’est pas l’apanage de la seule jeunesse. Un fim à (re)voir absolument, comme d’ailleurs Jambon d’Ardenne (1977), deuxième long métrage de Benoit Lamy qui prend, pour le coup, le chemin de Durbuy. Tandis que la patronne de la brasserie L’Esplanade (Annie Girardot) et la tenancière de la friterie de la place (Ann Petersen) se livrent une guerre haute en couleur, leurs enfants tentent de vivre leur amour naissant, en une version de Romeo et Juliette inscrite dans le terroir wallon. Forcément et férocement drôle.

Réalisé dix ans plus tard avec Ngangura Mweze, La Vie est belle apparaît plus anecdotique, même si pas dénué de saveur. L’histoire emboîte le pas à un chanteur (Papa Wemba, également auteur de la musique) débarqué sans le sou à Kinshasa, où il rêve de devenir musicien, et tombant amoureux de la jeune femme que son patron poursuit également de ses assiduités. Galères et aventures cocasses seront au rendez-vous d’un film à la rigueur toute relative. A l’inverse, somme toute, de Combat de fauves (1997), une improbable et incontestable réussite. Richard Bohringer y campe un publicitaire à la réussite suffisante qui, se rendant dans un immeuble pour y visiter un appartement, se retrouve coincé dans l’ascenseur, échoué entre deux étages, à la merci d’une femme aussi séduisante que mystérieuse (Ute Lemper). Et leur duel d’offrir la matière à un huis clos grinçant à souhait, n’épargnant rien ni personne…

Des mémoires d’outre-mère

Cerise sur ce gâteau acidulé, l’éditeur du coffret a eu l’excellente idée d’y joindre L’Envers de l’écran que consacrait Philippe Reynaert à Benoît Lamy en 2005. Leur conversation reste un grand moment de télévision, où le portrait du cinéaste se dessine à grand renfort d’anecdotes ahurissantes (ainsi de l’épisode l’amenant à Rome, en 1967, pour y retrouver Pasolini), mais aussi d’analyses pertinentes –« ma filmographie est guidée par des films qui sont des mémoires d’outre-mère », explique-t-il, allusion à la place prépondérante qu’y occupaient des femmes autoritaires… Un must.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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