Les Billes du Pachinko

Arrivée de Suisse pour rendre visite à ses grands-parents à Tokyo, Claire souhaite les aider à organiser un voyage vers leurs racines. Comme beaucoup d’autres « Zainichi » (Coréens du Japon), ils ont émigré dans les années 50 et ne sont pas retournés au pays depuis. Cette mission initiale s’englue toutefois rapidement, faute de coopération. Son grand-père est vissé au Shiny, son établissement de Pachinko (mélange entre le flipper et la machine à sou) de taille modeste où des habitués s’assourdissent nuit et jour au bruit des billes qui dévalent dans la machine. Sa grand-mère n’est plus autonome et tous trois communiquent mal. Claire ne connait plus guère le coréen et eux se refusent à utiliser le japonais. Pour échapper de temps à autre à ce climat pesant, la jeune femme devient répétitrice de français d’une petite Tokyoïte. Là encore, l’apprivoisement mutuel se fait à tâtons, tant Mieko est de tempérament solitaire. Avec minutie et une grâce distante, Elisa Shua Dusapin ( Hiver à Sokcho) détaille les difficultés d’une famille « lost in translation » à trouver un liant durable par-delà l’incompréhension et les exils. Elle fait des Billes de Pachinko une bulle singulière de mélancolie, où nous regardons évoluer ses personnages comme derrière un filtre à l’opacité tangible.

D’Elisa Shua Dusapin, éditions Zoé, 144 pages.

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