Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

AUSSI PERTINENTE QUE CHARMANTE, LA LIÉGEOISE ÉLODIE DE SÉLYS RATISSE LES ARCHIVES DE LA RTBF DEPUIS DIX ANS MAINTENANT. DE QUOI PAPOTER UN PEU AVEC ELLE DU PASSÉ. ET DU PRÉSENT.

Toi qui as la tête dans les archives de la RTBF, est-ce que tu ressens fort l’esprit un peu pop, un peu rock qu’a pu avoir la chaîne?

Oui. Quand tu vois tous les artistes qui se sont produits ici même dans les studios de la RTBF, ça fait rêver. Et ça fait même un peu mal. Le système n’est plus ce qu’il était, tout cela n’est plus possible. Notamment pour la musique, mais aussi pour le cinéma, où les interviews pouvaient prendre des heures. Maintenant on a quinze minutes quand c’est vraiment une interview de fond. On a un peu oublié que la RTBF avait un petit côté branché, à côté de Chansons à la carte et de choses un peu plus populaires. On a eu des tas de légendes. Et des artistes parfois très jeunes, repérés par des journalistes comme Gilles Verlant, et qui sont devenus des légendes par la suite. Je vois encore Gilles interviewer Bono, qui doit avoir 21 ans tout mouillé, et dire: « Un jeune qu’on découvre et qui s’appelle Bono. » En 1991, la RTBF interviewait Nirvana, au moment de la sortie de Nevermind…

Il y avait un côté précurseur et audacieux à l’époque. Tu ne trouves pas que la télé d’aujourd’hui est plus lisse, moins aventureuse?

Oui, mais ce n’est pas la faute des gens d’ici. Les maisons de disque choisissent de mettre en avant certaines personnes et pas d’autres. Nous, pour avoir des interviews, c’est déjà la croix et la bannière. Il faut aussi tenir compte de la multiplication des chaînes, on a peut-être plus tendance à vouloir montrer aux gens ce qu’ils ont envie de voir. Cela dit, il y a encore ici des passionnés et des gens qui auraient envie que cela se passe comme avant. Mais le système dicte sa loi. Tout doit être rentable… Mais bon, de temps en temps, il y a encore des émissions qui essaient de souligner l’arrivée de nouveaux talents.

Les émissions de variété et de musique sur la RTBF ont-elles encore ce côté défricheur?

Oui, mais au niveau belge. Et ça c’est bien. Même nous, à notre petit niveau dans Flash, on essaye de mettre des artistes en valeur. Mais c’est envisageable parce que c’est accessible, au niveau belge. Stromae est venu faire des télés tout au début, à D6Bels notamment. Dans 50 degrés Nord, il y a aussi des gens qui passent au début de leur carrière. Cela dit, je ne suis pas journaliste musicale, je te parle de mon ressenti.

Depuis que tu es à la RTBF, tu as essentiellement fait des émissions à caractère historique. Tu ne penses pas avoir fait le tour des archives de la RTBF?

Pas encore en tout cas. Et je ne crois pas qu’un jour j’en aurai fait le tour. J’ai découvert un tas de périodes complètement dingues, et c’est devenu une passion et une spécialité. La preuve, ce projet sur les 60 ans de la RTBF: on l’a proposé il y a deux ans avec Eric Loze, avec l’idée de le décliner sous plusieurs formes. Et puis ces dernières années, j’ai élargi mes horizons avec Starter ou Flash. J’aime bien l’équilibre entre les styles d’émissions que je présente.

GUY VERSTRAETEN

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