Les Amours dispersées

Après avoir assisté aux funérailles de sa voisine, Madeleine apprend par la radio que le corps du poète William Butler Yeats, enterré en Irlande, n’aurait jamais quitté la France. Provisoirement inhumé au cimetière de Roquebrune-Cap-Martin tandis que la Seconde Guerre mondiale rendait le transport impossible, le corps a été jeté à la fosse commune. Madeleine a elle aussi une défunte dans la fosse, son sang ne fait qu’un tour… Qui repose dès lors au cimetière de Dumcliff? Avec d’autres familles touchées par le scandale, elle crée l’association des Dispersés. Déterminés à récupérer leurs morts, les acolytes partent en Irlande saisir la justice. Après Le Tiers Temps (Goncourt du premier roman), hommage superbe aux derniers jours de Samuel Beckett, on se réjouit de renouer avec l’économie minutieuse de Maylis Besserie. Entre deux chapitres dévolus au  » poète mystique à la tête brûlée de charbon« , dont le lyrisme soutenu embrasse les amours tumultueuses de l’auguste défunt, l’enquête progresse au travers de brèves rencontres travaillant l’oralité (fils de diplomate lanceur d’alerte, gardien du cimetière, agent des pompes funèbres…). Sur l’ampleur des tristesses et leurs fêlures, ce patchwork sensible mais plus dispersé ne nous a pas emporté avec la même magie.

De Maylis Besserie, éditions Gallimard, 192 pages.

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