Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.35 ARTE

D’ ILAN DURAN COHEN. AVEC ANNA MOUGLALIS, LORÀNT DEUTSCH, CLÉMENCE POESY.

Jean-Paul Sartre surnommait Simone de Beauvoir Castor (référence à « beaver », en anglais), tandis que son père lui répétait qu’elle avait « un cerveau d’homme ». Drôles de qualificatifs pour celle qui deviendra une figure marquante d’un féminisme ne niant pas les différences entre les sexes. Et ne caressant personne dans le sens du poil, en soulignant notamment la complicité des femmes dans leur manque personnel de liberté. La liberté: la valeur cardinale.

Simone de Beauvoir vivait avec Jean-Paul Sartre un amour aussi absolu qu’étranger aux canons en vigueur (encore aujourd’hui), qu’on appellerait maintenant LAT (living apart together), ne partageant rien du ménage et ne se ménageant que des entrevues choisies. Une relation libre, Simone aura des amants et des maîtresses, Jean-Paul sera lui aussi autorisé à ouvrir les fenêtres -lui qui déclarait le plus simplement du monde n’avoir aucune vocation pour la monogamie et avoir besoin de nouveauté et d’excitation pour parvenir à écrire.

Ce sont ces amours contingentes qui sont au c£ur de ce téléfilm de deux heures, qui relate la relation de couple pas comme les autres qui unissait les amants du Flore (allusion au café parisien où ils avaient établi leur QG). Il débute à leur rencontre à la Sorbonne en 1929 et se termine avec la parution du Deuxième sexe, en 1949. Vingt ans de romances plurielles sur fond de rejets des conventions de l’époque, des normes bourgeoises, 20 ans de pacte d’amour inventant un couple, pensaient-ils, sans hypocrisie, sans jalousie.

Il en sera cependant teinté, et traversé par des vraies histoires d’amour, pas seulement de sexe.

Désirant à tout prix garder dans le c£ur de sa moitié un statut à part, de Beauvoir ira jusqu’à renoncer à la sexualité avec lui, mais pas avec les autres.

De Beauvoir sera ainsi enterrée près de Sartre avec l’anneau en argent que lui avait offert son amant américain, Nelson Algren. Une histoire passionnante, donc, largement desservie par ses acteurs. Anna Mouglalis prend la pose façon Chanel et Lorànt Deutsch est tout sauf crédible en séducteur, dans un téléfilm longuet aux dialogues ampoulés. Deux erreurs de casting qui vont jusqu’à faire sombrer quelques scènes dans une certaine grotesquerie.

MYRIAM LEROY

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content