L’empreinte Marker – Nuit Chris Marker

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Les 50 ans de mai 68 donnent des idées aux programmateurs… C’est ainsi que la Cinémathèque française rend à Chris Marker un vibrant hommage printanier, tandis qu’Arte lui consacre ce dimanche une mémorable soirée se prolongeant toute la nuit. Le réalisateur du Fond de l’air est rouge, documentaire dédié aux luttes révolutionnaires dans le monde de 1967 à 1977, fut un témoin engagé de son époque, doublé d’un intellectuel prolifique, s’exprimant par le cinéma mais aussi par l’écriture, la photographie, l’illustration et l’édition. Celui qui disparut en juillet 2012, à l’âge de 91 ans, se passionnait pour la politique mais encore plus pour l’Histoire et la condition humaine. Tantôt avec révolte et colère, tantôt avec humour et sens poétique. La Nuit Marker d’Arte commence par un film… qui n’est pas de lui! L’Armée des 12 singes (1995), formidable spectacle futuriste signé Terry Gilliam (et joué par Bruce Willis et Brad Pitt), trouve en fait son inspiration dans un court métrage tourné par Marker en 1962, La Jetée, programmé juste après. Une perle mythique d’une petite demi-heure, une tranche de science-fiction captivante, racontée intégralement en photographies noir et blanc montées de manière géniale. Un film d’amour, aussi, et sur le temps, qui se parcourt comme on peut parcourir le monde. Le Joli mai date de la même année. Ce documentaire fleuve (2 h 36) s’attache à filmer, un mois durant, Paris et ses habitants. La guerre d’Algérie s’est enfin achevée, la paix est revenue. Mais le conflit se poursuit au Vietnam, ce que dénoncent des manifestants dont beaucoup veulent croire, par-delà, au grand jour révolutionnaire. Les germes d’un autre mai, distant de six ans, sont déjà perceptibles dans ce film politique mais pas militant, exprimant l’air du temps avec une force restée intacte plus d’un demi-siècle plus tard. Au coeur de la nuit, la quatrième oeuvre programmée, est une rareté. L’Héritage de la chouette (à 3.20! ), resté invisible depuis une trentaine d’années, est un documentaire historique divisé en 13 épisodes de 26 minutes chacun. Marker y entreprenait, en 1989, une réflexion passionnante sur l’héritage de la Grèce antique et son influence sur le monde moderne. Partant, pour chaque segment, d’un mot d’origine grecque (démocratie, olympisme, musique, mathématique, tragédie, misogynie…), il interroge écrivains, historiens, artistes, philosophes, et nous livre leurs éclairages liés par une narration d’André Dussollier. Encore une fois, comme dans La Jetée, passé, présent et futur se conjuguent…

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